Le Petit Bleu

Villa fissurée par des tirs d’explosifs : les propriétai­res indemnisés

- Guillaume Frouin/Presspeper

La cour administra­tive d’appel de Nantes a donné raison aux propriétai­res d’une villa de Saint-Cast-le-Guildo, en condamnant l’entreprise qui avait eu la charge de l’extension du port de plaisance à leur verser près de 60.000 € de dédommagem­ents pour les fissures apparues dans leurs murs.

Cet arrêt va à l’encontre du jugement du tribunal administra­tif de Rennes, qui avait désavoué en décembre 2015 les propriétai­res de cette demeure construite en 1913.

Edifiée en surplomb de la route conduisant au port de Saint-Cast, elle avait été fragilisée par les milliers de tirs d’explosifs qui avaient été faits entre 2007 et 2010 par Semen TP dans le cadre de l’extension du port.

« Dès 2004, la Socotec, dans le cadre d’un rapport préalable de faisabilit­é des travaux (…), indiquait que les opérations étaient susceptibl­es d’affecter les structures situées à proximité : falaises, ouvrages portuaires, bâtiments » , rappelle la cour admi- nistrative d’appel de Nantes dans son arrêt.

Fragilité de la roche mal évaluée

En octobre 2008, des chutes de blocs rocheux depuis la portion de falaise appartenan­t aux propriétai­res de la maison avaient ainsi contraint le maire de Saint-Cast à restreindr­e la circulatio­n sur la route en contrebas. Fin 2009, un pan entier de la falaise s’était écroulé, et en juin 2010, une nouvelle chute importante de pierres avait obli- gé la commune à interdire toute circulatio­n.

L’expert mandaté dans cette affaire avait lui- même conclu que « les tirs de mine ont incontesta­blement déclenché des effets vibratoire­s des sols qui ont entraîné l’apparition des dégradatio­ns constatées sur la falaise » .

« Les concepteur­s du projet, qui connaissai­ent de toute évidence la nature des sols proches du port, n’ont apparemmen­t pas appréhendé à leur juste valeur les fragilité de la roche » , regrettait-il dans son rapport.

300 000 euros demandés

« Alors même que la falaise présentait d’incontesta­bles signes de fragilité avant le démarrage des travaux du port, la responsabi­lité solidaire du maître d’ouvrage et de l’entreprene­ur (…) est engagée » , en déduit la cour. Toutefois, en raison de ce caractère « très fragile » de la falaise, la moitié des dommages a été laissée à la charge de la SCI La Feuillade, propriétai­re de la villa.

L’indemnisat­ion reste toutefois largement en-deça des souhaits de la société civile immobilièr­e, qui voulait obtenir près de 300.000 € de dédommagem­ents.

Mais les juges nantais ont également laissé les frais d’expertise - d’un montant de 22.000 € - à la charge de la société Charier GC (ex-Semen TP) mais aussi du syndicat mixte de réalisatio­n du port de Saint-Cast, qui regroupe en son sein le Départemen­t, la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) des Côtes d’Armor et la commune.

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Lors de la constructi­on du port, les impacts des tirs d’explosifs sur la falaise ont été mal évalués, selon les juges et les experts. (Photo : Gérard Cazade)

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