L’alcool, fléau indémodable
À chaque début de nouvelle année, le Tribunal de Grande instance tient son audience solennelle de rentrée. L’occasion de faire le point sur le fonctionnement de la justice et le bilan de l’année écoulée.
Un parfum de nostalgie enveloppait l’audience solennelle de rentrée du Tribunal de Grande instance de Saint-Malo, mercredi 24 janvier. « La dernière en ces lieux » ,a rappelé d’emblée le président Vincent Reynaud. Au mois de mai prochain, la justice sera rendue rue Aristide Briand, au sein du tout nouveau palais de justice du pays de Rance, en cours d’achèvement.
Adieu donc la vieille chapelle Saint-Benoît, nichée tout en haut d’Intra-Muros. Son pro- priétaire, le département d’Ille-et-Vilaine, réfléchit encore au devenir du site. Ce charmant édifice du XVIIe siècle, aujourd’hui peu fonctionnel, avait été inauguré il y a 70 ans par un certain François Mitterrand, alors Garde des Sceaux.
82 automobilistes récidivistes
À l’émotion de devoir bientôt déménager a succédé le bilan de l’année judiciaire.
2017 ? « La copie de 2016 avec tou
jours le fléau de l’alcool » , à l’origine de trop nombreuses affaires, regrette la procureure de la République, Christine Le Crom. Et ces chiffres, implacables, pour illustrer son propos : « 82 automobilistes récidivistes pour la 3e, 4e fois, voire plus, condamnés pour alcool au volant l’an passé » .
Affolant d’autant que « pour certains, la pédagogie ne suffit plus. Il faut écarter ces gens-là de la route » , poursuit la procureure. La saisie de leur voiture peut y aider. « 85 véhicules ont été confisqués en 2017 contre 71 en 2016 » .
Deux affaires de viols résolues
L’alcool mais aussi les affaires de violences gangrènent le tribunal. « Elles sont de plus en plus nombreuses contre les policiers, notamment dans le cadre de secours à personnes » , souligne Christine Le Crom.
Sans oublier le douloureux chiffre des agressions sexuelles : 15 procédures ont donné lieu à « un déferrement » devant le Parquet.
Après deux années d’enquête, deux viols commis sur le pays de Dinan ont également connu « une issue favorable » , avec l’arrestation de leurs auteurs.
Du retard au civil
La justice, ce n’est pas seulement du « pénal » mais aussi du « civil » , avec une hausse des affaires familiales en attente d’être jugées et des procédures pour divorce qui s’allongent à 8 mois. « Le tribunal a dû fonctionner avec 10 % de ces magistrats du siège absents durant toute l’année. Alors que l’activité, elle, n’a pas baissé. Malgré l’investissement de chacun, des audiences ont dû être annulées pour les affaires familiales et les mineurs. Nous avons pris du retard » , déplore Vincent Reynaud.