Des concierges pour les meublés Deux Dinannais créent un nouveau concept
À la nuitée ou à la semaine, de plus en plus de propriétaires louent leur logement. Ce n’est pas sans contraintes. Deux Dinannais viennent de créer Trankeylity, un service qui fait tout à leur place. Et leur garantit des revenus en hausse. C’est tout béne
L’un est un hôtelier en vue sur la place de Dinan. L’autre est un agent immobilier tout aussi connu sur la ville. Maxime Jullien, le patron de l’hôtel Arvor et de neuf appart-hôtels (O’lodges), et Stéphane Besrest, patron des agences immobilières Avis et Solvimo, se sont associés et ont uni leurs compétences pour créer Trankeylity, une société (SARL) de prestation de services destinée aux loueurs de meublés de tourisme. Qui seraient de plus en plus nombreux, c’est dans l’air du temps.
C’est l’ubérisation de la société, comme il se dit. Avec l’arrivée de nouvelles plates-formes de réservation en ligne, en trois clics et deux clic-clac (pour les photos), il devient simple de mettre un logement en location, puis d’établir la relation avec le client, touriste de passage pour une nuitée ou vacancier pour un séjour plus long.
Un service de conciergerie
Dit ainsi, c’est simple comme bonjour. Mais pas tant que ça, à y regarder de plus près : remise des clés (à toute heure), état des lieux, ménage, blanchisserie… L’activité de loueur saisonnier n’est pas sans contraintes, « sans compter les réglementations, de plus en plus complexes, et qui le seront encore davantage à l’avenir », note Stéphane Besrest.
C’est précisément pour soulager les propriétaires de tous ces désagréments que Maxime Jullien et Stéphane Besrest ont lancé leur start-up Trankeylity, nom judicieusement choisi, qui inspire la quiétude (pour le loueur) et les clés (key en anglais, pour le locataire).
Trankeylity, c’est donc en quelque sorte un service de conciergerie. Et même un peu plus : « On fait tout à la place du loueur : la commercialisation en mettant son bien en ligne sur les sites internet les plus fréquentés, on gère ses réservations, on se charge de l’entrée et de la sortie des locataires, on remet en état le logement afin qu’il soit prêt à accueillir de nouveaux locataires, et ainsi de suite. En fait, le propriétaire, il a juste à venir nous voir et à percevoir ses loyers », résume Maxime Jullien.
Même si au passage ils prennent leur commission, les deux associés vont même jusqu’à garantir aux loueurs des revenus optimisés et réévalués, « en fixant et en ajustant les tarifs de location au plus juste, selon la demande. Elle évolue sans cesse. Selon la saison, bien sûr. Mais pas uniquement, en fonction de certains événements aussi, la fête des remparts à Dinan, la Route du Rhum à Saint-Malo ou le Space à Rennes. On a les outils pour anticiper tout cela. » Réévaluation à la hausse quand la demande est forte, à la baisse aussi quand l’afflux est moindre, mais ce sera toujours plus rému- nérateur qu’un logement vide, « il existe une clientèle potentielle hors saison ». Parole de professionnels.
Leur idée n’est pas nouvelle, mais ils sont les premiers à proposer ce service dans les parages, « notre cible, c’est pour le moment les bords de Rance et la Côte d’Emeraude. » Rien qu’à Dinan, ils estiment à une centaine à ce jour le nombre de meublés de vacances à louer, c’est 500 ou 600 rien qu’à Saint-Malo.
Une personne va être embauchée pour commencer, « et on fait appel à une entreprise spécialisée dans le nettoyage hôtelier pour le ménage et la blanchisserie. » Objectif : un service de qualité, d’excellence même, « ça n’a l’air de rien, mais refaire un lit ou bien placer des serviettes dans une salle de bains, c’est un métier. Il est important que le vacancier se sente bien tout de suite, qu’il soit bien accueilli. Il y va de l’intérêt du loueur, de sa réputation. Car aujourd’hui, sur internet, on est tous notés. »
Incitations fiscales
Trankeylity sélectionnera ses clients et les incitera à passer par un organisme d’agrément pour un classement, système d’étoiles rassurant pour les touristes, « et qui en outre est incitatif fiscalement pour les propriétaires », souligne Stéphane Besrest. Des propriétaires qui devront quand même établir eux-mêmes en mairie la déclaration préalable de location de meublés de tourisme, démarche gratuite mais obligatoire (pour la taxe de séjour).
En encourageant ainsi la location de meublés, les deux associés n’ont-ils pas l’impression de déstabiliser les marchés sur lesquels ils travaillent ordinairement. La location de meublés de tourisme ne vient-elle pas concurrencer l’hôtellerie ? « Non, ce sont des activités complémentaires, avec des clientèles différentes », tranche Maxime Jullien. Et la tentation ne sera-t-elle pas grande pour certains investisseurs de privilégier les locations saisonnières, au risque de fragiliser le marché du locatif traditionnel et de chasser les habitants à l’année ? « On vient effectivement de vendre récemment plusieurs biens à des personnes qui s’orientent vers des locations saisonnières. Mais cela correspond à certains profils d’acquéreurs et surtout à certains types de biens », assure pour sa part Stéphane Besrest.