Le Petit Journal - Catalan

A Béziers, le maire fait front face à Jean-Michel Baylet

Robert Ménard répond aux journalist­es du Midi Libre : «encore un peu de courage !»

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Dans un article intitulé « Ménard calomnie la rédaction de Midi Libre », paru le 19 août, la rédaction du quotidien parle, à propos de la campagne d’affichage réalisée par la ville, d’un « caprice » du maire de Béziers. Le maire de Béziers vient de leur répondre avec une lettre ouverte pour moins corsée.

D’après Robert Ménard, « Le premier objectif de cet affichage était d’informer les lecteurs de Midi Libre de la situation très particuliè­re de ce journal. En effet, il n’est pas sans intérêt de savoir que Midi Libre appartient à JeanMichel Baylet, le ministre de l’Aménagemen­t du Territoire, de la Ruralité et des Collectivi­tés territoria­les, et que celui-ci en a confié la direction à son ex-épouse, aujourd’hui compagne de Laurent Fabius, encore ministre des Affaires étrangères il y a peu… » et Robert Ménard de poursuivre « Si cela se passait au-dessous du tropique du Cancer – un baron politique local propriétai­re de l’unique quotidien tout en étant ministre à la capitale – on parlerait de république bananière… »

Le fondateur et ancien directeur de « Reporter sans frontière », reconnu alors pour son engagement en faveur de la liberté de la presse en Afrique, semble à l’aise sur le sujet : « Je veux dénoncer l’attitude de Midi Libre qui ne se soucie pas d’informer ses lecteurs de ce qui se passe à Béziers mais préfère mener un combat de tous les jours contre la municipali­té. Les exemples sont légion ».

La liste et longue et il semble bien que du côté de la mairie de Béziers la coupe soit pleine. Et le maire de Béziers d’énumérer les « oublis » du quotidien régional comme lorsqu’au mois de juin, « la ville perd un procès contre l’ABCR, une associa- tion qui domicilie des clandestin­s. Midi Libre en fait sa une. Le mois suivant, la ville gagne le deuxième procès contre l’ABCR. Rien dans les colonnes du journal. Pas une ligne, pas un mot ! […] Tout cela au nom de la « hiérarchis­ation de l’informatio­n » selon les journalist­es du quotidien. Qui peut les croire ?»

A la lecture de sa réponse aux journalist­es du Midi Libre, on sent bien que Robert Ménard compte bien profiter de la polémique pour mettre les choses au clair en allant jusqu’à rappeler les heures sombres de la Dépêche du Midi : « Toujours selon ces mêmes journalist­es, cette campagne d’affichage qui dénonce une « info en laisse » renverrait « à un passé funeste de notre histoire ». Mettre en cause le traitement que ce journal réserve à Béziers relèverait donc, selon eux, d’une pratique digne de l’occupation nazie. Un parallèle que ces journalist­es devraient éviter de faire quand on sait que Midi Libre appartient au groupe La Dépêche du Midi qui a compté parmi ses administra­teurs, dans les années soixante et pendant plus de dix ans, un certain… René Bousquet, secrétaire général de la police de Vichy, organisate­ur de la rafle du Vel d’Hiv. »

Et de terminer sur une histoire de sous : « Dernier point. Cette campagne d’affiches – 51 au total — a coûté la somme faramineus­e de… 190,94 euros TTC. Pour mémoire, le groupe La Dépêche du midi, propriétai­re de Midi libre, a bénéficié, en 2011, de 1.820.838 euros d’aides de l’État ! À noter que Jean-Michel Baylet, son propriétai­re, n’a jamais trouvé problémati­que de voter ces subvention­s de sa main de parlementa­ire – il fut sénateur et député — et de les empocher de l’autre main comme patron de presse… Drôle de mélange des genres. »

Pour Robert Ménard, il est évident que la majorité des journalist­es sont victimes d’une situation de monopole : « Bien des journalist­es de ce quotidien voudraient bien dénoncer ce mariage malsain entre la politique, les affaires et la presse mais craignent de se retrouver à la rue. Certains aimeraient travailler dans un journal libre. Mais parler, c’est la porte assurée pour eux. Dire la vérité sur Midi Libre, ce n’est pas attaquer la presse, c’est vouloir la libérer du pouvoir de l’argent et du pouvoir politique. Dire la vérité sur Midi Libre, ce n’est pas mettre en cause la liberté de la presse, c’est, au contraire, se battre pour le pluralisme et l’indépendan­ce des médias »

Dire la vérité sur Midi Libre, ce n’est pas attaquer la presse, c’est vouloir la libérer du pouvoir de l’argent et du pouvoir politique Il n’est pas sans intérêt de savoir que Midi Libre appartient à Jean-Michel Baylet, le ministre de l'Aménagemen­t du Territoire

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