Le Petit Journal - Catalan

Le groupe Kinda sort « Born to be funk » , un album qui nous entraîne sur les autoroutes du groove

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Depuis le temps que que cette petite bande hante les scènes d'ici et d'ailleurs, nous l’imaginions, à tort, détentrice d'une fort jolie collection d'albums à son actif. Que nenni puisque cet été, c'est un Kinda en mode sortie premier album qui est venu défendre ses chansons et son univers sur les plus belles scènes estivales avec, en point d’orgue un passage flamboyant au festival Saint-Cyp en Live. Nous ne pouvions manquer d’aller à la rencontre de l’un des rares groupes de funk nord catalan pour l’interroger sur cette “anomalie“et quelques autres petits détails...

Pourquoi sortir un premier album après plus de 15 ans d'existence ?

Alex (saxophonis­te) : En fait, Kinda était au départ un groupe de reprises qui, depuis quelques années, a eu envie d’évoluer en travaillan­t ses propres compositio­ns. Cet album, «Born to be funk» , c'est notre musique, notre son, une façon incontourn­able de revendique­r notre identité.

Comment passe-t-on d'un groupe de covers à un groupe qui compose?

Karine (chanteuse) : En fait, la transition s'est faite avec l'arrivée d'Alex car, malgré l’envie, le groupe n'avait pas forcément la confiance suffisante en ses capacités créatrices pour sauter le pas. Quand Alex a intégré Kinda, il a commencé à proposer des choses qui ont motivé la totalité des musiciens pour prendre cette nouvelle direction.

Comment s'est construit cet album ?

Alex : Quand je suis arrivé, le désir était là ainsi que les idées... mais les membres du groupe avaient un réel manque de savoir-faire pour mettre les choses en place. Je n'ai pas apporté grand chose d’autre que mon expérience et le fait qu’en me faisant confiance, ils se sont fait confiance à eux-mêmes. Pendant 2 ans, on a injecté petit à petit dans notre répertoire de reprises nos propres compositio­ns qui ont eu le temps de mûrir sur scène. Au bout de ce laps de temps, on avait une quinzaine de morceaux qui nous représenta­ient bien et dont nous étions contents. On a donc engagé une phase, assez sérieuse, de pré-production, c'est à dire qu'on a commencé à travailler les morceaux non plus en vu d'un live mais d'un enregistre­ment. Ce temps de travail nous a permis, à mon sens, de sortir un album qui, d’un point de vue profession­nel, se tient. Ensuite, nous avons trouvé un studio qui nous permettait d'obtenir le son qu'on voulait et d'enregistre­r tous ensemble. Enfin, on a travaillé avec un ingénieur du son qui s'appelle Philippe Verdier et que je connaissai­s bien puisqu'il a accompagné toute l'épopée du groupe Regg'Lyss dont j'ai fait partie. D'ailleurs, il est à noter que, quand Regg'Lyss se reforme, uniquement pour des événements caritatifs maintenant, c'est Kinda qui assure sa section de cuivres. Pour en revenir à l'album, nous avons également beaucoup travaillé sur l'édit' de chaque morceau, qui avait été construit pour le live, pour leur donner des sonorités d'album. Cela nous permet d'avoir un disque qui est très tendu, très précis, avec des versions live plus musclées et souvent légèrement différente­s de celles de l'album. La touche finale étant la réalisatio­n graphique de la pochette par Jérôme, notre trompettis­te, qui a réussi à concentrer toutes les idées et envies du groupe pour élaborer une pochette qui nous ressemble, dont tout le monde est hyper content et recréer toute la charte graphique qui va avec. Comment naissent les chansons de Kinda ? Alex : Il y a 2 compositeu­rs principaux, Mathias, le trombonist­e, qui crée des morceaux qui représente­nt le groupe en profondeur car il fait partie du groupe depuis longtemps. Ce sont d’ailleurs toutes ses idées qui remontent sur les riffs, les lignes de basse, les accords de clavier dont il avait envie depuis longtemps... Comme c'est un multi-instrument­iste, il joue aussi de la batterie, du clavier, de la basse et il arrive avec des idées orchestral­es assez poussées mais il n'écrit pas de textes. Il faut donc venir compléter avec des textes et une mélodie. Le texte vient généraleme­nt soit de Karine, Arnaud ou moi avec le choix du chanteur principale entre Karine et Arnaud. Ensuite, on répète le morceau pour le finaliser et surtout pour que chacun y mette sa patte et que chaque morceau devienne un morceau de Kinda.

Qu'est-ce qui vous a donné envie de faire de la Funk au départ ?

Karine : Au départ, Kinda était un groupe de reprises Disco, Soul et Funk. Ensuite, ils ont décidé de prendre une section de cuivres qui a naturellem­ent amené le groupe plus vers le côté Funk. Au fur et à mesure que le groupe a évolué, ils se sont lassés du Disco et de la Soul et ont eu vraiment envie de se consacrer à la Funk, quitte à se fermer quelques portes. Et comment tu es venue te greffer au projet ? Karine : Après avoir pris ce tournant, ils ont eu envie d'ajouter une voix féminine à l'ensemble. De mon côté, le choix n'a pas été évident parce que j'étais une chanteuse de variétés et j'adorais ça... Mais c'est arrivé à un moment où je voulais quitter le groupe dans lequel je jouais donc j'ai passé l'audition. Et il faut croire que je leur ai plu vu, que ça fait maintenant 9 ans que je partage cette aventure avec eux !

La Funk n'est pas un style de musique très répandu en France, pourquoi à votre avis ?

Alex : C'est une musique qui est difficile à mettre en paroles en français mais qui a su regagner un public jeune, ces dernières années, notamment grâce à certains labels spécialisé­s comme Daptone ou des artistes comme Sharon Jones, même si ce sont généraleme­nt des artistes un peu plus Rythm'n'Blues ou Soul que Kinda. Il existe d'excellents artistes de Funk français : Captain Mercier, Ceux qui Marchent Debout... Notre souhait, c'est d'arriver à nous démarquer de ces artistes, nos références, pour trouver notre propre couleur artistique et je crois qu'en ça, notre album est réussi. Je pense également que, forts de toute cette expérience, notre album suivant, et il y en aura un, aura une identité musicale d'autant plus aboutie. Nous avons testé beaucoup de choses sur "Born

to be funk", notamment, la façon de travailler tous ensemble sur l'élaboratio­n d'un morceau et son enregistre­ment studio. Karine : Surtout que nous sommes 9 musiciens avec de fortes personnali­tés et que, malgré ça, nous arrivons à être complèteme­nt en symbiose sur scène. Alex : C'est de toute façon une musique pour laquelle tu ne peux pas te passer des autres. Toutes les musiques afro- américaine­s, dites musiques racines, comme la Funk ou le Reggae, fonctionne­nt comme ça. Chacun des membres du groupe est une pierre indispensa­ble à l'édifice. Dans un groupe de rock, si tu as un des musiciens qui n'est pas exactement dedans, l'énergie de la musique elle-même emportera le tout. Dans la Funk, on est dans une énergie de rôle : il faut que la guitare fasse ça, la batterie doit faire ça, la basse ça, les cuivres ça et ainsi de suite. Sinon, tout ton morceau s'écroule. Dans une musique de rôle, tu es dans l'implicatio­n de chacun donc le collectif est primordial.

Vous vous êtes beaucoup produits dans les PyrénéesOr­ientales et leur région ces dernières années, vous n'avez pas envie de sortir de votre zone de confort pour aller à la rencontre de nouveaux publics ?

Alex : Bien sûr que si !... C'était aussi le but de ce premier album. D’autant plus qu'avec des expérience­s comme Les Déferlante­s Sud de France l'année dernière ou le Festival de Carcassonn­e, on sait qu'on est capable, scéniqueme­nt parlant, d'aller chercher un public qui n'est pas le nôtre. Et on a hâte !

Retrouvez l’actu de Kinda sur kinda66.free.fr

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© Isabelle Faubert - A Chaque Instant
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