Pays’catalan’:’identité,’nationalisme, j’en’ai’la’chair’de’poule’!
La Manifestation vue pas Jean-Pierre Bonnel
Je n’ai pas défilé. Me suis défilé…
Peur de la chaleur, de l’agora, des femmes brunes en burkini et de leurs bouteilles de gaz..?
Plutôt, j’ai redouté une réaction tardive, une manif fourre-tout, salade niçoise : les Catalanistes catalanisant, les Indépendantistes criant “Cat.Nord”, les Socialistes chantant avec ce catalan fantôme, “l’accent de la République française”, les Communistes communiquant depuis la fête de l’Huma, la Droite écornant un instant la patrie pour récupérer quelques voix…
Oui, je me doutais de la récupération, dans les discours : un professeur de Catalan roulant pour la majorité du CD66 qui a roulé pour Carole Dégâts et tente de ne plus perdre d’électeurs potentiels… Une élue de Perpignan remerciant la ville de Perpignan devant un J.Marc Pujol aux anges…
Ce fut une mêlée bien composite, ambigüe, aux sousentendus bien troubles, comme d’habitude avec nos politiciens bien installés. Le peuple citoyen mobilisé (de façon bien dérisoire : 8000 ou 10 000 participants pour un département de presque 400 000 habitants, ça montre le recul de la langue, le manque de persuasion de la majorité d’appartenir à une nation catalane), s’il s’était déplacé en masse, s’il avait décidé, bien plus tôt, de bloquer le conseil régional à Toulouse ou la ville d’Argelès, villégiature de la Carole, il aurait montré le sens de l’honneur.
Or, pour la manif pépère du 10 septembre, ce “peuple” a sorti l’attirail de la foirefouille folklorique catalane : les grosses têtes, la chanson agressive de Jordi Barre…Seuls manquaient les cargols !
Quelles étaient les motivations des groupes présents : l’Indépendance du “pays catalan”, une alliance régionale avec le Sud, le maintien du 66 dans le giron français, ou la simple exigence de la reconnaissance du mot catalan dans le nom de la nouvelle région..?
Et voilà le leitmotiv de l’identité ! Pour le Français vivant en Roussillon,qu’est- ce : la tradition judéo-chrétienne, la civilisation chrétienne impulsée par Charlemagne à coups de (Charles) Martel ? Est-ce le sentiment d’appartenance à une nation, créée au XIX° siècle?
Pour un Catalan des P.O., est-ce appartenir à une vieille lignée, depuis les Ibères, jusqu’à la “nation” (le Royaume, plutôt, avec les Comtes du Roussillon et l’allégeance aux Rois d’Aragon) des XII-XIII° siècles..? Comment définir ce pays, lieu d’incessants passages, qui brassa le sang des Phéniciens, des Grecs, des Romains, des Ibères, des Wisigoths, des Arabes…jusqu’aux tragiques migrations contemporaines..?
Ce sursaut d’une population, n’est-ce pas le sentiment désespéré de perdre un territoire, envahi par les immigrés et les “nouveaux arrivants”? A l’heure du déclin (département frappé par la crise, le chômage, la concurrence européenne, les échecs de l’Usap, le rejet de politiciens corrompus), ce peuple s’agrippe au mot catalan comme à une bouée de sauvetage…
“Nous sommes Catalans”, comme une incantation, mais derrière les mots, on ne perçoit pas de solution économique, politique, pas de cohérence, pas d’idéologie claire, si ce n’est le libéralisme du renard dans le poulailler d’une Europe déboussolée.
Oui, cette manifestation joyeuse, comme un air de nationalisme: cela m’a fait penser à la manif pour Charlie, rassemblant les bons et vrais Français contre les Musulmans…
Pour ne pas exclure la plus grande partie de la population de ce département, il faut expliquer, être clair; or ce microcosme politique n’est que contradiction et récupération.
J’en suis le premier marri, moi qui, né à Perpignan, aime tant la Catalogne.
Qui me sens Catalan, Occitan, Européen, Citoyen du monde…C’est cette identité, Homme du Monde, qui est à rechercher. Loin des frontières et des rétrécissements !