Le Petit Journal - Catalan

Gardons le cap pour faire reculer la pauvreté

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Le combat contre la pauvreté en France est loin d’être gagné. Reste que le nombre de personnes dont les revenus se situent au-dessous de 60% du revenu médian n’a pas augmenté depuis 2014. Une conséquenc­e d’une politique audacieuse menée par le gouverneme­nt et les collectivi­tés territoria­les.

Gardons le cap pour faire reculer la pauvreté, par Ségolène Neuville

Oui, le Président de la République a fait de la lutte contre la pauvreté une priorité de son quinquenna­t. Oui, les moyens qui ont été consacrés à cette politique sont sans commune mesure avec ce qu’avaient fait les gouverneme­nts précédents. Et non, ce combat, qui est un combat pour l’égalité et la liberté, n’est pas gagné. Mais le cap est bon, comme en attestent les chiffres de la pauvreté 2014 en France publiés mardi. Selon l’Insee, le taux de pauvreté monétaire est resté stable en 2014, à 14,1 %, contre 14,0 % en 2013 [1].A y regarder de plus près, ce que nous disent ces chiffres, c’est que nos efforts pour lutter contre la pauvreté, sous toutes ses formes, payent.

Pour s’en convaincre, il faut avant tout comprendre ce qu’ils recouvrent. Qu’est-ce que le taux de pauvreté? Il correspond au nombre de personnes dont les revenus se situent au-dessous de 60% du revenu médian, ce qui correspond à un revenu de 1002 euros par mois pour une personne seule, et à 2104 euros pour une famille composée d’un couple avec deux enfants.

Ce taux avait augmenté depuis le début des années 2000, et plus particuliè­rement depuis 2008. Il a commencé à baisser en 2012 et 2013 pour se stabiliser à 14%. Fin 2015, l’Insee avait estimé qu’après ces deux années de baisse, ce taux pouvait repartir à la hausse en 2014, en raison d’un ralentisse­ment de la croissance. Or, n’en déplaise à tous ceux qui, par pur calcul politique, espéraient sans doute voir notre gouverneme­nt en situation d’échec, le taux de pauvreté n’a pas augmenté en 2014.

Lutter contre le basculemen­t dans la précarité

Pourquoi ces chiffres doivent nous parler? Parce qu’ils nous disent que toutes les mesures mises en oeuvre depuis le début du quinquenna­t, avec le plan pluriannue­l contre la pauvreté, fonctionne­nt. Ce plan, lancé en 2013, protège les personnes en difficulté en leur fournissan­t une aide minimale. Mais ce plan n’est pas que défensif: il permet aussi d’empêcher le basculemen­t dans la précarité. Plus encore, avec ce plan, nous avons remis le travail social au coeur des politiques sociales: il s’agit, grâce à un accompagne­ment adapté, de permettre à chacune et chacun de retrouver la confiance en soi et les moyens de l’émancipati­on.

C’est en offrant à chacun les moyens de participer pleinement et librement à la vie sociale, en prônant par l’exemple les valeurs de solidarité et de liberté, que nous permettron­s l’appropriat­ion par tous des valeurs citoyennes et républicai­nes. Le taux de pauvreté qui se stabilise, c’est donc la conséquenc­e directe de cette politique audacieuse portée par le Premier ministre et menée collective­ment par l’État et les collectivi­tés territoria­les, de concert avec les associatio­ns.

L’action du gouverneme­nt depuis 2012 a également permis d’effacer la forte hausse des inégalités résultant du précédent quinquenna­t. Cette baisse des inégalités est le résultat de la politique de redistribu­tion et de soutien aux ménages les plus modestes que nous avons menée.

Et mieux encore, nous pouvons être confiants sur le fait que la pauvreté va résolument baisser dans les deux prochaines années, car nos efforts continuero­nt à porter leurs fruits sur la durée. Ainsi, les effets de la prime d’activité mise en place en janvier 2016, qui a bénéficiée à 4,3 millions de personnes et offre un complément de revenus en moyenne de 164 euros par mois, n’ont pas encore été pris en compte dans la mesure du taux de pauvreté. Mais, à n’en pas douter, cet élément sera déterminan­t dans les années à venir. Cette tendance est donc amenée à se poursuivre, même si nous n’en verrons les retombées qu’en 2017 et 2018, en raison du décalage de deux ans entre les politiques engagées et la publi- cation des chiffres officiels. Calcul à l’appui C’est pour cela que les propos actuelleme­nt martelés par la droite doivent nous interpelle­r. Le candidat à la primaire Nicolas Sarkozy a ainsi la fâcheuse habitude de prétendre que le total des prestation­s ou aides sociales peut dépasser les revenus d’une famille au Smic, ce qui est totalement faux, comme l’a prouvé cette semaine Libération, calcul à l’appui. Dans le même temps, il accuse sans cesse les plus démunis d’user de méthodes malhonnête­s pour obtenir abusivemen­t des prestation­s sociales. Au fond, l’idéologie Wauquiez-Sarkozy n’a pas changé: en favorisant toujours les plus hauts revenus au détriment des travailleu­rs précaires, le programme du candidat Sarkozy reviendrai­t à faire supporter par les plus démunis des mesures favorables aux plus riches.

Nous constatons que la «droite décomplexé­e» qui promet 100 milliards d’économies continue de mépriser la question de la lutte contre la pauvreté quand elle dénonce sans scrupule la «proliférat­ion des dépenses publiques inutiles». Inutile la revalorisa­tion du complément familial? Elle a pourtant soulagé 1,2 million de familles. Inutile la revalorisa­tion exceptionn­elle du RSA socle pour atteindre +10% sur 5 ans? Les 2 millions de ménages modestes dont le quotidien est un peu moins difficile grâce à ce coup de pouce appréciero­nt. Inutile l’élargissem­ent de l’accès à la CMU-C et à la complément­aire santé? Ce sont pourtant 600 000 personnes supplément­aires qui peuvent désormais se faire soigner convenable­ment.

Le modèle que ces candidats défendent a des conséquenc­es sociales catastroph­iques. On le voit ailleurs en Europe, dans les pays largement cités en exemple par nos adversaire­s politiques pour leur santé économique soi-disant incontesta­ble: en réalité, les population­s les plus vulnérable­s y font les frais de politiques sociales sacrifiées pour assurer la prospérité du libéralism­e et de l’individual­isme. Car c’est un fait, rares sont les pays européens où la pauvreté ne progresse pas, et où, comme en France, les gouverneme­nts ont fait de la lutte contre la pauvreté une priorité.

A l’heure où les programmes de télévision, les hebdomadai­res et les candidats de la droite surenchéri­ssent sur l’assistanat et les «mauvais pauvres», ce ne sont pas les chiffres qui doivent uniquement guider notre politique, mais le modèle de société que nous voulons.

Un enjeu de la prochaine présidenti­elle

Défendons cette République sociale qui privilégie une politique de redistribu­tion permettant de faire diminuer la pauvreté. Il est bon de rappeler que les familles monoparent­ales seraient deux fois plus touchées par la pauvreté s’il n’y avait pas de redistribu­tion. La mise en place de la Garantie contre les impayés de pensions alimentair­es (GIPA) est à ce titre un réel filet de sécurité pour ces familles menacées de précarité. C’est donc un véritable enjeu de cohésion sociale qui justifie notre action en permettant d’éviter le décrochage d’une partie de la population.

Alors ne laissons pas la droite et l’extrême-droite balayer d’un revers de main électorali­ste ces efforts et saper une politique qui doit s’inscrire dans la durée. Une fois cela dit, et la réalité des faits rappelée, il est toutefois de notre devoir de ne pas nous contenter de cet état des lieux, aussi porteur d’espoir soit-il. Car la pauvreté est insupporta­ble et nul ne saurait s’enorgueill­ir de ce qu’en France 14% de la population vive sous le seuil de pauvreté. Le combat contre la pauvreté est loin d’être gagné, mais nous le menons, résolument, et nous progresson­s, indubitabl­ement. Ce combat est un des enjeux essentiels de la prochaine présidenti­elle: nous avons le choix entre un brutal retour en arrière, avec une exacerbati­on des inégalités et la stigmatisa­tion des plus pauvres, ou la poursuite d’une politique qui porte ses fruits et redonne espoir à ceux qui n’en avaient plus. Quoiqu’en disent certains, la droite et la gauche, ce n’est pas du tout pareil. Alors gardons le cap, puisqu’il est bon.

[1] La hausse des valeurs estimées n’est pas statistiqu­ement significat­ive selon l’Institut Ségolène Neuville secrétaire d’État auprès de la ministre des Affaires sociales et de la Santé, chargée des personnes handicapée­s et de la lutte contre l’exclusion

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