Mon environnement est devenu morbide
« Mon environnement de travail est devenu morbide. » Patrick se serait bien passé du nouveau “packaging ” des paquets de cigarettes. Il observe d’un regard noir les nouvelles cartouches qui garnissent ses rayons. L’emballage, sombre, sans logo ni marque comporte une photo choc XXL pour inciter les consommateurs à arrêter de fumer. Et pour ce buraliste cette loi ne passe pas. « Je ne vois pas l’intérêt », peste-t-il. Devant son comptoir, trois clients acquiescent. « Ce n’est pas un paquet noir qui nous fera arrêter. » Dans la région, la profession est vent debout face à l’arrivée des paquets neutres, de plus en plus visibles dans les linéaires. Depuis fin novembre, les fabricants n’ont plus le droit de livrer les anciens paquets. «J’ai mis deux heures de plus pour ranger mes rayons », se plaint-il. « Il me faut une loupe pour lire la marque », ironise un autre buraliste. Car chaque nom s’inscrit à présent en petits caractères. De quoi poser de sérieux problèmes logistiques. « Sur mon rayon, j’ai à peu près mes repères. Mais en réserve, c’est la pagaille. Tous les cartons sont identiques et il m’a fallu trois fois plus de temps pour différencier ces paquets sombres », rapporte une vendeuse qui broie du noir. Pour éviter la confusion, elle a trouvé une parade : des post-it avec le nom de chaque marque ornent ses cartons. « Plus personne ne s’y retrouve, c’est ingérable », résume le président du syndicat des débitants de tabac. Il fustige l’autre ‘‘ nouveauté ’’ qui fait tousser les buralistes : l’absence de la composition des paquets. « Nos clients se plaignent de ne plus connaître le détail des ingrédients des cigarettes. » Mais malgré des conditions de travail « qui se dégradent », les buralistes voient l’avenir d’un bon oeil. « Cette loi ne fera pas baisser les ventes », sont-ils persuadés.