Le Petit Journal - Catalan

Esprit de chapelle

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François Hollande aura tout manqué; même sa sortie. Au soir de sa capitulati­on, son naturel a une fois de plus pris le dessus : pas un mot pour, dans une dernière tentative de sauver sa famille politique, désigner un successeur. A défaut d’être capable de réunir enfin ces gauches entre lesquelles il n’avait jamais voulu trancher, au moins aurait-il pu exprimer une préférence.

Il ne reste donc plus que le choix pas défaut : Manuel Valls. Le premier ministre va s’engager en acrobate de cirque politique dans le champ de mines criblé de pièges des primaires socialiste­s ! Comment peut-il incarner le rassemblem­ent des gauches alors qu’il a tout fait pour attester que dans la famille, il y avait des clans irréconcil­iables ?

Malgré son hommage appuyé à François Hollande et l’engagement ferme à "défendre son bilan", le recours Manuel Valls est loin d’aller de soi au sein d’une gauche fracturée comme jamais. Ses adversaire­s déclarés ou potentiels de la primaire de fin janvier affûtent déjà leurs arguments contre un prétendu "rassembleu­r" autoritair­e et social-libéral.

Présent de bout en bout aux côtés de Hollande, l’ancien ministre de l’Intérieur passé à la tête du gouverneme­nt aura à défendre cet encombrant héritage tout en évitant d’apparaître comme le dauphin d’un président devenu répulsif pour les électeurs.

Mais Manuel Valls se prépare depuis un moment à partir en conquête. Il a suffisamme­nt multiplié les signes. Il en rêvait. Peut-être même en se rasant le matin. Mais le cadeau est empoisonné, à tel point qu'on en arrive à se demander s'il n'a pas en ligne de mire 2022 plutôt que 2017. Un galop d'essai, en quelque sorte, pour tester sa stature d'homme d'Etat. La gauche est dans un tel marasme, qu'il va lui être extrêmemen­t compliqué de rassembler les troupes. D'autant plus que l'annonce de François Hollande pourrait donner quelques idées, par exemple à Ségolène Royal, pour ne citer qu'elle.

Mais t indique donc, pour l'heure, que la primaire se jouera entre Valls et Montebourg. À moins de deux mois de l'échéance, on voit mal l'électorat de cette primaire faire sortir un troisième homme tel un lapin d'un chapeau ou tel un Fillon de gauche au dernier moment. Même si Benoît Hamon n'a sans doute pas renoncé à jouer ce rôle.

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