Le Petit Journal - Catalan

Réinventer le bistrot du coin, le défi des villages pour sauver le commerce

Départemen­t • De Taurinya à Maury en passant par Matemale ou Bolquère, ils se battent pour survivre. Certains n’ouvrent pas toute l’année. Reportage dans ces points de rencontre.

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La façade est défraîchie, la décoration intérieure avec sa moquette au mur et sa multitude de fanions d’équipes de football, n’a pas pris une ride. Rien n’a bougé. Le resto bistrot est en sommeil. Et pour conserver la licence IV, il ouvre mais pas toute l’année. Résultat, ces jours là sont des événements et l’établissem­ent affiche complet. « On vient au moins une fois quand il ouvre. La dernière, c’était pour manger des grenouille­s avec le groupe des boulistes. On connaît, on sait qu’on y mange bien. On vient pour la conviviali­té, c’est amical, on peut rigoler fort, blaguer avec le patron. Ça discute de la vie en général, ça profite du bon temps ! »

L’espoir d’ouvrir plus souvent est bien présent, les bistrot de campagne plaisent et l’on ressent un réel engouement mais avant cela, il faudra remettre aux normes la cuisine et l’entrée, pour l’accessibil­ité aux personnes âgées.

Un point de rencontre

Faire vivre un bistrot dans un village qui compte une centaine d’habitants, c’est compliqué. Dans ces lieux, les sorties de messe et les funéraille­s emplissent la salle. Il y avait l’équipe de rugby locale ou encore le siège de la pêche et du foot. « Maintenant, les cartes de pêche se vendent sur Internet et les rugbymen n’habitent plus la commune». Le client se fait rare. Une dizaine par jour. À l’heure du petit noir ou de l’apéritif.

Et après ? « Il y aura une clé sous la porte. » Ce qui rend tristes certains clients. « Le problème, c’est qu’il n’y en a pas assez de tristes ! »

Les communes pensent parfois à les racheter mais le bâtiment le coût des remises aux normes reste un premier frein. Alors, dans ces cas là, un point de rencontre, ça manque mais il y a d’autres choses prioritair­es à faire.

Quand on approche des 500 âmes, l’affaire est tout autre et l’on peut espérer. Ces villages ont souvent perdu l’épicerie et la boulangeri­e, alors réouvrir l’ancien bistrot devient intéressan­t s’il est associé avec une activité multiservi­ce.

C’est souvent la commune qui lance le projet avec un contrat de location-gérance. Alors le village revit. À coup de soirée beaujolais, de rediffusio­n de match, de soirée baby-foot et de concours de jeux vidéo, il commence à se faire une (bonne) petite réputation. Même auprès des jeunes d’une vingtaine d’an- nées.

«On fait beaucoup de pub sur Facebook, du coup, il y a des jeunes qui viennent du village et des alentours », assure.

Yves s’y arrêtent pour boire un petit café le matin ou l’apéritif le soir « quand on veut des nouvelles ! C’est un point de rencontre obligé. C’est l’âme du village. » Patrick, avec qui il partage une bière, est bien d’accord. « Quand il était fermé, j’allais nulle part ! Ici on est bien, la musique n’est pas trop forte, on voit tout le temps quelqu’un qu’on connaît. C’est tranquille. » On se connaît surtout via les surnoms, une vraie vie de bistrot de village. Les chasseurs y ont installé leur QG. Mais il y a des jours avec et des jours sans. « Il m’arrive de n’avoir que quatre à cinq clients », lance le nouveau gérant, en reconversi­on. Un de ses clients au comptoir souligne : « Il faut donner du temps aux gens, qu’ils prennent l’habitude de venir. »

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