Le Petit Journal - Catalan

“Certains vont revenir sans faire leur mea-culpa

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À 23 ans, il a l’âge de nombreux djihadiste­s. Plusieurs sont même originaire­s de sa ville, Sevran (Seine-SaintDenis), partis en Syrie et en Irak via une filière de recrutemen­t. Comme Quentin Roy, étudiant en sport et ami d’enfance, mort en kamikaze en janvier 2016 sous le nom d’Abou Omar.

Cette « proximité confession­nelle (N.D.L.R. : il parle l’arabe littéraire, a suivi l’école coranique) et génération­nelle » a conduit Achraf Ben Brahim à se plonger dans la djihadosph­ère, expérience qu’il décrit dans un livre, L’emprise, enquête au coeur de la djihadosph­ère (Lemieux).

« On ne peut expliquer uniquement le djihad par le désoeuvrem­ent, le rejet social, il y a quelque chose de plus fort que l’émotivité, c’est le djihad de conviction », explique le jeune homme, depuis son bureau, où il exerce en tant que chef de projet multimédia, tout en poursuivan­t des études en droit et en sciences politiques.

La bande-son avec Rachid Kassim

Achraf Ben Brahim maîtrise parfaiteme­nt la science du web et les réseaux sociaux, ce qui lui a permis d’entrer en contact avec plusieurs combattant­s francophon­es établis dans le « califat ». Dont, en août, un entretien avec Rachid Kassim, dont il nous fait entendre la bande-son.

Kassim affirme : « Ceux qui retournent en France le font par confort, habitués à un confort occidental qu’ils n’ont pas ici. Quand ils reviennent en France, ils crachent sur l’État islamique pour alléger leurs peines mais c’est surtout un problème au niveau de leur croyance. »

L’été dernier, le groupe État islamique n’avait pas encore subi les revers de l’automne, et Kassim affirmait alors : « Le califat est en phase de consolidat­ion. »

De ses échanges récurrents avec des djihadiste­s, Achraf Ben Brahim retient que ce possible retour « dépendra de leur niveau d’intégratio­n là-bas », et s’interroge :« Quel serait leur but sachant que, pour eux, un musulman ne peut pas vivre en terre de mécréance ? » S’ils reviennent, estime le jeune Francilien, « ce n’est parce qu’ils délaissero­nt leur dogme, mais parce que Daech n’est pas à la hauteur de leurs attentes. Certains vont revenir sans faire leur mea-culpa. Pour se venger, c’est possible… » Les risques d’attentat, par des « revenants » (ou pas), restent très grands.

La déradicali­sation, comme elle se présente en France, sera pour lui un « échec » annoncé.

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