Instincts primaires
L'un a une primaire, l'autre pas ; l'un s'adresse au PS, l'autre rejette les partis ; pourtant, Valls et Macron ne font plus un pas sans regarder ceux de l'autre. Chacun sa stratégie, mais l'oeil rivé sur l'autre.
Ils se pressent au portillon de la présidence. Tous ont été ministres de l’actuel chef de l’Etat. D’où une compétition aussi baroque qu’inédite. Le coup de pistolet du départ a été donné, ce week-end, par Emmanuel Macron.
Parce qu’ils occupent, avec des tonalités différentes, le même terrain social-libéral, Macron et Valls sont condamnés à se livrer une guerre sans merci.
Quant aux Montebourg, Hamon et Peillon, ils sont bien décidés à barrer la route à ce rassembleur repenti qu’est l’ancien Premier Ministre. Leur but non avouable est de récupérer le parti après l’élection présidentielle.
« La primaire à droite, c’est une équipe de foot, l’émiettement est à droite » raillait J-C. Cambadélis. Que doit-il dire aujourd’hui de la primaire de la gauche, car à défaut d'électeurs et de militants, le Parti socialiste ne manque au moins pas de candidats à la présidentielle. Le guichet sera fermé jeudi soir.
Il y en a même un qui affirmait au printemps en avoir fini avec tout mandat politique… mais l’entrée en lice de Vincent Peillon n’est pas une surprise. La gauche du parti ayant déjà ses candidats, le missile Peillon ne peut avoir été mis à feu que par des hollandais, voire des aubrystes.
Cette candidature-là pourrait s’avérer centrale. Entre Manuel Valls, à droite et mal aimé au sein du PS, ou les divers candidats plus ou moins frondeurs à gauche, Peillon peut incarner ce point d’équilibre et rallier à la fois les «hollandistes» orphelins, les aubrystes revanchards et les militants seulement fatigués et angoissés des déchirements et de l’avenir promis à leur parti.
Abandonné par ses militants, décimé au fil des scrutins locaux, sans leader naturel depuis l’abdication de François Hollande, usé par un quinquennat catastrophique, promis à l’élimination dès le premier tour de la présidentielle, le Parti socialiste n’a plus grandchose à perdre en 2017. Foutu pour foutu, ses candidats à la primaire devraient en profiter pour faire preuve d’audace, il faudra se démarquer. Les socialistes devront retrouver rapidement une dynamique. Sinon, ils seront poussés au second plan par leur droite et par leur gauche.