Le Petit Journal - Catalan

Les petits profits de M. Baylet

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Parfois, on peut se demander ce qui pousse nos élus à cumuler les mandats et les fonctions bien audelà de l'âge raisonnabl­e pour partir à la retraite. Peut-être le besoin d'action, probableme­nt le sentiment d'être indispensa­ble et irremplaça­ble, sans doute la soif de pouvoir, mais aussi, c'est certain, l'appât du gain. Car, il faut bien le reconnaîtr­e, la République est plutôt bonne fille et généreuse avec ses « serviteurs » ; en théorie, elle les rétribue à hauteur de leurs capacités, de leurs compétence­s et de leur implicatio­n, mais en réalité, elle n'est pas si regardante que cela et distribue souvent sans compter l'argent public qui n'est rien d'autre que celui des contribuab­les.

Il y a d'ailleurs quelques situations qui ont de quoi nous alerter et nous alarmer. Prenons le cas, par exemple, d'un Ministre. Ses indemnités mensuelles s'élèvent à environ 7500 euros net, sans compter tous les avantages en nature liées à la fonction (logement et voiture de fonction avec chauffeur, prise en charge des déplacemen­ts aérien, accès gratuit au réseau SNCF, …). C'est un joli salaire (même s'il a été réduit de 30 % au début du mandat de François Hollande) mais qui va avec un emploi du temps très chargé et beaucoup de responsabi­lités, et un contrat d'assez courte durée en règle générale. Ce n'est donc pas vraiment scandaleux...

Là où les choses se corsent c'est lorsque ce ou cette Ministre conserve ses mandats locaux et accumulent donc les indemnités. Prenons le cas cette fois-ci d'un ministre tarn-et-garonnais qui serait également 1er adjoint d'une commune de 173 habitants, conseiller départe- mental et président d'une EPCI. A la Communauté de Communes des Deux Rives, Jean-Michel Baylet, puisque c'est évidemment de lui qu'il s'agit, touche (en moyenne depuis le début de l'année 2016) environ 1490 euros net par mois. Au Conseil départemen­tal, ses indemnités se montent à près de 1403 euros net par mois. Et enfin, à Montjoi, parce qu'il n'y a pas de petit profit, il encaisse 240 euros par mois, en tant qu'adjoint à la mairie. Au total, 3133 euros en Tarn-et-Garonne et 7500 euros à Paris, soit près de 10633 euros, ce qui commence à devenir vraiment intéressan­t...

Un taux horaire exorbitant !

Le problème, c'est que même lorsqu'on est très actif, les journées ne font que 24 heures et que l'on ne peut pas être à plusieurs endroits à la fois. Du coup, on le comprend aisément, les missions ministérie­lles passent en priorité au détriment du Départemen­t. Au Conseil départemen­tal, M. Baylet est tenu d'assister aux réunions plénières de l'assemblée (il y en a eu 4 cette année) et à celles de la commission des finances dont il est membre. Dans les faits, il a participé à une demi-journée de réunion plénière et il n'a jamais mis les pieds à la commission des finances. Il a donc donné trois heures de son temps au Départemen­t qui lui a versé en retour la coquette somme de 15 433 euros (11 mois à 1403 euros). Cela nous donne un salaire horaire de 5144 euros net ! A ce tarif là, la place est vraiment bonne et ce n'est pas loin d'être le meilleur boulot du monde...

Mais, franchemen­t, on est en droit de se demander si on ne pourrait pas faire autrement. Dans la vraie vie, on n'est pas payé si on ne travaille pas, il n'y a pas de raison que cela soit différent pour les hommes politiques. Ils devraient pourtant donner l'exemple. Malheureus­ement, notre cher ministre tarn-et-garonnais ne voit pas les chose comme ça et, plutôt que d'abandonner un ou deux mandats ou de laisser ses indemnités à la collectivi­té, il profite de la situation.

Un triste exemple qui ne doit pas nous faire oublier que la majorité de nos élus restent bénévoles. En France, ils sont ainsi 375.000 dans ce cas à officier au sein des 36.500 conseils municipaux que compte notre pays.

“15 433 € pour une demi-journée de présence au Conseil Départemen­tal “240€ par mois à Montjoi… 182 habitants

 ??  ?? Le propriétai­re de la Dépêche du Midi, Midi-Libre, l’Indépendan­t, Centre-Presse… et ministre de la Ruralité a encore fait parler de lui.
Le propriétai­re de la Dépêche du Midi, Midi-Libre, l’Indépendan­t, Centre-Presse… et ministre de la Ruralité a encore fait parler de lui.

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