Un poète traqué
L’histoire
1948, la Guerre Froide s’est propagée jusqu’au Chili. Au Congrès, le sénateur Pablo Neruda critique ouvertement le gouvernement. Le président Videla demande alors sa destitution et confie à l’inspecteur Óscar Peluchonneau le soin de procéder à l’arrestation du poète. Accompagné de son épouse, la peintre Delia del Carril, Neruda échoue à quitter le pays et doit vivre en cachette…
Notre avis
À quarante piges et déjà six films à son actif, en attendant le biopic sur Jackie Kennedy porté par Natalie Portman – sortie prévue le 1er février – , Pablo Larrain fait partie de ces cinéastes en vogue, virtuoses esthétiquement et déjà habitués à être sélectionné dans les plus prestigieux festivals.
Présenté à la Quinzaine cannoise, Neruda raconte autant la cavale de l’inclassable artiste chilien que l’obsession de l’inspecteur chargé de le retrouver.Un personnage secondaire qui aimerait voler la vedette à sa proie ou du moins exister à ses yeux… quitte à imposer sa présence de narrateur par la voix off pour parvenir à ses fins. À coups de plans en grand-angle, quitte à déformer parfois l’image, la réalisation subjugue. Pablo Larrain prend constamment des risques, brouille les pistes, alterne les rythmes. Mieux, il n’hésite pas à délaisser dans la dernière partie, magistrale, le drame pour lorgner vers le western dans une Sierra Nevada enneigée. À la fois poétique et politique, ce biopic peu académique détruit la convention.