Le Petit Journal - Catalan

L’arme anti-Valls

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Cette candidatur­e Peillon, sur une ligne sociale-démocrate concurrent­e, rappelle les petits meurtres entre amis dont le Parti socialiste a tellement été friand depuis le congrès d’Épinay en 1971. Car derrière l’ancien ministre de l’Éducation nationale, il y a les Aubry, Taubira, Hidalgo, Moscovici… Autant de hiérarques socialiste­s pour qui le renoncemen­t de François Hollande à briguer un second mandat ne doit pas profiter à Valls, l’ennemi intime.

Peillon, c’est d’abord la candidatur­e du "Tout sauf Valls".Parmi les sept candidats en lice, les électeurs à la primaire de la gauche décideront donc, fin janvier, qui de Valls ou Peillon est le meilleur représenta­nt du courant social-démocrate au PS. D’ici là, l’ancien professeur de philosophi­e n’entend pas s’encombrer de l’héritage du quinquenna­t de François Hollande, si ce n’est pour récupérer les réussites. Pour le reste, c’est bien un catalogue de mesures, destinées à toute la gauche et qui auraient pu figurer au programme d’un candidat Hollande 2, qu’il a dévoilé cette semaine.

Embarqué dans la compétitio­n en candidat de la dernière heure, après le forfait de François Hollande auquel il n’est pas étranger, Manuel Valls semble avoir surestimé sa capacité à l’emporter les doigts dans le nez, une fois débarrassé de la chaîne qui le liait au chef de l’Etat. Sa précipitat­ion, tellement visible, vient de ce qu’il redoute plus que tout la concurrenc­e d’Emmanuel Macron en train de tracer sa route en solitaire. Lequel lui a piqué son projet : la constructi­on d’une force sociale-libérale délestée du lourd par-dessus socialiste. Pour Valls, l’enjeu de cette primaire est d’arracher le leadership d’une gauche de gouverneme­nt afin de se poser, avec quelques troupes, en adversaire direct de Macron. Avant qu’il ne soit trop tard. Pour lui, c’est quitte ou double.

Mais autre leçon de la primaire de la droite et du centre : les lignes bougent surtout au moment des débats. Or, pressée par le temps, la gauche en organise trois en une semaine. Ce n'est plus une campagne politique, mais une olympiade. Les compétiteu­rs auront intérêt à allumer le feu, s'ils ne veulent pas lasser les télespecta­teurs-électeurs.

Ce qui rend les pronostics plus qu'aléatoires, ce sont aussi les courses en solitaire de JeanLuc Mélenchon et d'Emmanuel Macron. Ils ne vont pas laisser le terrain des idées et des arguments aux seuls candidats officiels de la gauche. Par la force des choses, ils sont bien décidés à parasiter la primaire de la gauche à leur profit.

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