Le Petit Journal - Catalan

Le climat s’alourdit

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Ramenée à ses vocations folkloriqu­e, touristiqu­e, voire stratégiqu­e, la Guyane, cette France lointaine, n’intéresse nos élites parisienne qu’à l’occasion des campagnes électorale­s. Chaque candidat à la présidence de tous les Français se sent soudain une envie de voyage ultramarin. Dans ces territoire­s, important réservoir de voix pour la gauche, les photos sont belles et les promesses abondantes mais quand le pouvoir obtient sa place, il se dépêche au mieux de réparer quelques oublis et la présidence Hollande ne déroge pas à la règle, elle a même réussi à y mettre le feu.

Le caractère massif et hétéroclit­e du mouvement social guyanais des «oubliés de la République» et sa coïncidenc­e avec la campagne présidenti­elle exige un traitement d’urgence de sa part. Le bras de fer dérisoire sur la venue à Cayenne de la ministre de l’Outre-Mer doit céder la place à un scénario de sortie de crise volontaris­te impliquant inéluctabl­ement de nouveaux efforts sonnants et trébuchant­s tant sur le plan sécuritair­e que social que son successeur devra assumer.

Les causes de cette éruption sociale sont multiples, liées à l’insécurité, l’immigratio­n clandestin­e et une situation sociale et économique qui s’apparente plus à un pays en voie de développem­ent sous perfusion qu’à une « région » que la France se glorifie de considérer comme une parcelle de la Nation. Tout ceci est un épisode de plus alors que le climat de la campagne s’alourdit.

A moins d’un mois du premier tour François Fillon a décidé de passer à l’offensive. Il a sans doute considéré que la meilleure défense restait l’attaque. Il sait que son programme reste le plus concret au yeux de la majorité de Français, il lui faut maintenant se dépêtrer des affaires qui brouillent son message.

Il faudra longtemps pour démêler, dans ce scénario à la Trump, le vrai du faux. Mais deux conclusion­s s’imposent déjà : il n’est pas supportabl­e, dans une démocratie, que le Président soit tenu informé d’affaires judiciaire­s qui ne concernent pas la sécurité du pays. Ni que la police et les juges enfreignen­t quotidienn­ement le secret de l’instructio­n en transmetta­nt leurs dossiers à la presse.

La nouveauté de cette campagne est que la tradition de la trêve judiciaire, le temps du débat électoral, a disparu. Cela, François Fillon le savait avant même de contraindr­e son camp à le défendre coûte que coûte.

Quoi qu'il en soit, on saura bientôt dans les sondages si l'attaque contre le « cabinet noir » a été payante ou non. Si c'était un baroud d'honneur ou le début d'une vaste contre-offensive. François Fillon, de toute évidence, est convaincu que la présidenti­elle reproduira son parcours de la primaire : une victoire au finish.

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