11Md€ d’insincérité
Décidément, la fiscalité est le terrain de jeu le plus glissant des gouvernements. Édouard Philippe y goûte depuis le premier jour de son installation à Matignon. Comme ses prédécesseurs, il aurait dû garder avec lui sa mallette de «petit chimiste», tant la recette fiscale est explosive.
Reconnaissons que, s’il présentait probablement le programme le plus drastique, François Fillon avait (sur ce coup là) fait preuve de la plus grande honêteté envers les Français.
Ce fut un des axes de conquête d’Emmanuel Macron : bousculer les habitudes, ne rien faire comme les autres. Quelle surprise, donc, de voir la facilité avec laquelle le gouvernement est retombé dans les travers de ses prédécesseurs : faire croire qu’il découvre l’état réel du pays, qu’il est contraint de repousser les baisses d’impôts annoncées, que la pression fiscale devra augmenter… Ces facilités n’ont jamais donné les résultats escomptés. Elles ont au contraire contribué à donner le sentiment que les gouvernements, une fois au pouvoir, étaient incapables de repousser la fatalité de la demi-mesure.
Il va devoir faire oeuvre de pédagogie avant de toucher aux équilibres de nos impôts et cotisations. Surtout lorsque la marge de manoeuvre budgétaire est inexistante.
Le bilan de François Hollande est sans pitié et donc laisse la porte ouverte à une politique qui demandera beaucoup d'efforts aux Français. La dégradation des comptes publics, qui devrait avoir pour conséquence un déficit de 3,2 % du produit intérieur brut, donne le coup de grâce au quinquennat précédent et une dérive qui atteint 11 milliards « d’insincérité »
La situation d'autant plus contraignante pour Emmanuel Macron que, profitant du Brexit et des élections allemandes, il veut être leader en Europe. Nos finances vont le freiner dans ses ambitions.