Le Petit Journal - Catalan

Renaître de ses cendres

Après un feu, la forêt méditerran­éenne arriveàse reconstitu­er par elle-même. Mais il faut savoir être patient. Sur le terrain, les forestiers sont là pour accompagne­r la repousse naturelle des hectares brûlés. Le reboisemen­t est de moins en moins systémat

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Le départemen­t des PyrénéesOr­ientales n’a pas été épargné par les incendie comme celui qui a eu lieu mi-juillet au Boulou ou 190 hectares sont parties en fumée. Mais comment ne pas parler de celui qui avait eu lieu l’année dernière à la même époque près du Barcarès un un sapeur-pompier avait trouvé la mort. L’année d’avant, c’est une femme sapeur-pompier qui devait périr dans un violent feu de forêt et de garrigues dans la région de Cerbère.

Après ses désastre les forestiers de l’ONF sont là pour «reconstrui­re». Il faut d’abord couper les arbres trop abîmés par le feu, une action parfois mal comprise. Et si l’abattage n’est pas ce qui les réjouit le plus il faut savoir qu’en la circonstan­ce ces arbres étaient morts ou condamnés à brève échéance. Car un arbre brûlé ne tient pas plus de 18 mois.

La mission de l’office est donc d’évaluer les risques suite à un incendie. Les menaces d’effondreme­nt de la roche, le ravinement provoqué par le ruissellem­ent des pluies parce que la végétation n’est plus là pour retenir la terre, les chutes d’arbres brûlés ou affaiblis : tout cela fait l’objet d’études. Ensuite, les chantiers sont confiés à des opérateurs. Les arbres coupés sont évacués pour en faire des plaquettes destinées au chauffage ou laissé sur le sol pour obtenir un couvert. Pour lutter contre le ravinement, on fabrique des fascines. Des fagots de bran- chages disposés en travers des pentes pour retenir le sol qui n’est pas épais.

Des aménagemen­ts pas très spectacula­ires mais qui servent pas moins une stratégie globale : "Aider la nature à reprendre le dessus".

S’en suit le temps de la patience, les forestiers arpentent le terrain et guettent "les réactions de la végétation". "Ne croyez pas qu’après un feu tout soit terminé, qu’il n’y aura plus rien. Ce n’est pas vrai. La forêt méditerran­éenne est habituée à l’incendie. Elle a intégré ce risque et s’est adaptée. Certes il convient de tenir compte de la puissance du feu, mais si vous prenez le cas du pin d’Alep , une espèce de résineux très répandue parce qu’elle est pionnière et colonisatr­ice, il faut

Mieux vaut laisser faire la nature que de miser sur ce qui est produit en pépinière et risque de changer la nature des choses.

savoir que l’arbre produit des graines qui enfermées dans les cônes (on les nomme aussi pommes ou pignes) où elles sont protégées, vont être éjectées après le passage du feu. Le pin est donc en mesure de se régénérer. Mais le problème est le degré de maturité.

La question est de savoir s’il y a suffisamme­nt d’arbres pour ensemencer.

Après , la graine germe pour donner un petit pin. Il y a de la vie comme un genévrier qui repart de souche.

Le feu est passé, a détruit le couvert végétal, mais pas ce qui est sous terre. C’est tout l’intérêt des arbres, notamment les feuillus comme les chênes, qui sont capables de repartir du pied. Cela va très vite. C’est cette régénérati­on que les agents de l’ONF ac- compagnent et qui fait que le reboisemen­t systématiq­ue, tel qu’on le pratiquait après un incendie jusqu’au début des années 80, n’est plus d’actualité.

Mieux vaut laisser faire la nature que de miser sur ce qui est produit en pépinière et risque de changer la nature des choses. C’est la tendance actuelle.

Cela veut-il dire que le reboisemen­t n’a plus lieu d’être? C’est l’idée qui semble s’imposer "le reboiser a souvent été une mascarade coûteuse en raison d’un important taux de mortalité des jeunes plants".

La raison de tout celà vient de la pauvreté des sols, de la faible pluviométr­ie qui rend le reboisemen­t peu productif. Il reste cependant des sites où cela est possible et sur lesquels on peut intervenir. Mais cela est très limité.

Alors quand un riverain pose la question: quand allez vous reboiser? Il faut faire montre de pédagogie, expliquer que la reconquête par la nature réclame du temps. Et d’autant plus de temps que l’écart entre deux incendies est faible. Les pins, encore jeunes, n’ont qu’une fructifica­tion limitée.

Dans les calanques marseillai­ses le phénomène est plus sévère car le stade ultime a été atteint. Il n’y a plus que du chêne Kermes. À ce niveau, il faut 40 ans pour retrouver un couvert végétal, contre 15 à 20 ans habituelle­ment. Bref, il faut de la patience. Ce que les habitants n’ont pas toujours.

Le temps jouant, la nature fera donc son oeuvre. Comme elle l’a toujours fait jusqu’ici. Accompagne­r la nature suppose qu’on travaille avec ce dont on dispose. Mais pour lui donner un coup de pouce, les pépiniéris­tes restent un maillon essentiel.

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Le pin, arbre pionnier des sols pauvres, les reconstitu­e avec ses éguilles en 15 ou 20 ans. Les feuillus sont en dessous.

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