Le Petit Journal - Catalan

Avis de tempête sur le yachting?

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Ils s’estiment victime d’une concurrenc­e déloyale vis-à-vis de l’Italie et de l’Espagne.

En cause la taxe sur les carburants moins onéreuse dans les pays voisins ainsi que les charges sociales des équipages français

Ils s'estiment victime d'une concurrenc­e déloyale vis à vis de l'Italie et de l'Espagne. En cause la taxe sur les carburants mois onéreuse dans les pays voisins ainsi que les charges sociales des équipages français des grands yachts qui favorisera­ient les recrutemen­ts chez leurs voisins tout proches.

Est-ce le début d’une sombre période chez les marins profession­nels, victimes de la crise de la filière sur la façade méditerran­éenne.

Les propriétai­res de yachts ont beau être milliardai­res, ils ne font pas moins attention à leurs dépenses. Peut-être encore davantage lorsqu'il s'agit de passer à la pompe. Quand certaines unités affichent une consommati­on de 2.500 litres par heure, ça peut se comprendre…

Autant dire que la nouvelle réglementa­tion sur la Taxe intérieure de consommati­on sur les produits énergétiqu­es (TICPE) n'est pas passée inaperçue ! En vigueur en France depuis le 1er octobre dernier, à une époque où les yachts ne naviguent généraleme­nt plus trop, on n'a pas évalué immédiatem­ent l'impact d'une telle mesure.

Car non seulement certains yachts désertent les côtes hexagonale­s, mais les équipages français ne sont plus les bienvenus à leur bord. Double sanction, contre laquelle s’insurgent des élus LR. Dans une lettre ouverte adressée au président de la République début août, les élus s’alarment de "la gravité de la situation économique de la filière yachting", et en appellent à une "mobilisati­on urgente du gouverneme­nt". Pour l’instant, la situation touche surtout la région Provence- Alpes- Côte- d’Azur, mais il n’y a pas de raison qu’elle ne s’étende pas au littoral de la région Occitanie et donc au Roussillon.

Principale cible des revendicat­ions, le décret du 9 mars de la précédente gouvernanc­e socialiste imposant aux navires restant plus de trois mois dans les eaux françaises de souscrire pour leurs équipages des cotisation­s à l’Enim, la Sécurité sociale des marins. "Ce décret, plutôt que de préserver les marins au travail, les préserve du travail", s’alarme ainsi Franck Dosne, directeur de Port-Vauban, à Antibes dans les colonnes de la Provence. Il affirme constater une baisse de près de 30% de passage pur dans ce port connu pour son "quai des milliardai­res".

"Il y a un véritable "boycott français", confirme Jacques Conzales, président du Groupement des profession­nels du yachting (Gepy). Le décret ne mentionne pas la nationalit­é de l’équipage, mais la profession fait un raccourci pour se mettre à l’abri des problèmes sociaux.

De nombreux bateaux ont décidé de quitter la France. Et certaines sociétés de placement ont même écrit aux propriétai­res qu’il était préférable d’éviter d’embaucher les Français.

Autre point d’achoppemen­t: les taxes sur le gasoil. "Au sein de l’Union Européenne, il y a un "dumping fiscal". C’est la course au moins-disant pour justement attirer des recettes fiscales. En France, jusqu’à une période récente, on avait la possibilit­é de venir très facilement, d’avoir le bateau et ses approvisio­nnements complèteme­nt détaxés dès l’instant où on respectait des conditions relativeme­nt simples. Ça, c’est fini aujourd’hui.

On en est arrivés à cette situation parce que la France a été à plusieurs reprises condamnée par l’Union européenne parce que le Conseil de l’Europe estimait qu’elle appliquait mal sa directive.

Sur cette thématique, les acteurs de la filière ont pourtant trouvé une parade avec la mise en place d’un moratoire sur trois ans. Le temps de sor-

Le marché français du nautisme navigue à vue pour 2017 et attend la reprise

tir «le contrat de croisière» en janvier 2017 (qui permet de revenir à une solution satisfaisa­nte fiscalemen­t tout en répondant aux doléances de l’Europe, Ndlr). Ça n’a pas répondu entièremen­t aux attentent mais il y a eu un début d’engagement de certains profession­nels.

À peine le contrat de croisière mis en place, l’État a publié un texte sur les cotisation­s sociales. Pour les profession­nels, ce décret exmachina à l’aube de la saison estivale est d’autant plus difficile à avaler. « Le précédent gouverneme­nt a vidé les tiroirs avant les présidenti­elles, il n’a pas tenu compte des acteurs," proteste Franck Dosne. Et d’évoquer une visite, en juillet 2016 des inspecteur­s des affaires sociales venus s’enquérir de la situation : "À leur retour, ils ont écrit de ne surtout pas mettre en applicatio­n le dé- cret. Malgré ce rapport, cela a été fait." Il poursuit: "Depuis plusieurs mois, nous enchaînons les réunions ministérie­lles pour savoir comment ça fonctionne. L’État lui-même n’est pas capable de donner des précisions sur ce texte."

Mais pour les clients, il y a plus simple que de plonger dans les arcanes kafkaïens des nouvelles réglementa­tions françaises. Il suffit de lever l’ancre. Les élus demandent un nouveau moratoire (pour suspendre le décret, Ndlr) car si les jeux sont faits pour les ports, équipages et ravitaille­urs, la menace se rapproche des chantiers navals de réparation et maintenanc­e.

Sur la côte du Roussillon la saison 2017 est moyenne au niveau de la fréquentat­ion des ports de plaisance à cause d’une mauvaise météo.

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 ??  ?? La filière yachting serait-elle en train d’être sabordée ? Paralysés par des contrainte­s fiscales à deux vitesses, malmenés par des charges sociales rigoureuse­s, navires et équipages vogueraien­t vers l’Espagne ou l’Italie, au détriment des ports et chantiers français. En cause, des réglementa­tions européenne­s appliquées aveuglemen­t par la France. Une situation que dénoncent des élus Les Républicai­ns (LR) de la côte française. Ils ont cosigné une lettre ouverte adressée au président de la République au début du mois d’août, alertant sur "la gravité de la situation économique" de cette filière primordial­e pour le littoral français. Décryptage.
La filière yachting serait-elle en train d’être sabordée ? Paralysés par des contrainte­s fiscales à deux vitesses, malmenés par des charges sociales rigoureuse­s, navires et équipages vogueraien­t vers l’Espagne ou l’Italie, au détriment des ports et chantiers français. En cause, des réglementa­tions européenne­s appliquées aveuglemen­t par la France. Une situation que dénoncent des élus Les Républicai­ns (LR) de la côte française. Ils ont cosigné une lettre ouverte adressée au président de la République au début du mois d’août, alertant sur "la gravité de la situation économique" de cette filière primordial­e pour le littoral français. Décryptage.

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