Catalogne, Cata… plasme
Le camp indépendantiste avait manifestement sousestimé les obstacles. Leur mouvement suscite en son sein une ferveur quasi religieuse, qui masque de profondes différences politiques, mais au-delà il est regardé avec bien peu d’empathie. L’union européenne ne peut évidemment pas, sauf à se défaire, envisager d’autre interlocuteur que l’Etat signataire de ses Traités. Quant aux opinions publique, hors d’Espagne elles regardent cette agitation avec circonspection, la Catalogne ne faisant pas partie des "perdants" de la mondialisation et disposant de pouvoirs propres dont bien peu de régions disposent ailleurs. Même la gauche et l’extrême gauche hexagonales, pourtant promptes à s’emballer pour les révolutions exotiques, ne sont pas enclines à la solidarité.
Les sept semaines qui nous séparent du 21 décembre vont donc rester très délicates. L’ordre public va exiger une collaboration entre forces catalanes et forces nationales semée de pièges. La campagne électorale sera minée elle aussi, notamment au sein des médias publics catalans. Mais en convoquant des élections, Madrid est sorti des cordes dans lesquelles les indépendantistes voulaient l’enfermer. Une vraie élection qui tranchera.
Car, s’il est nécessaire de calmer le jeu, il l’est tout autant de bien connaître ce que la totalité des Catalans veulent réellement pour euxmêmes. L’élection du 21 décembre donnera une bonne indication. Ce qui est heureux, pour l’heure, c’est la volonté affichée de Mariano Rajoy, le président du gouvernement espagnol, d’être à la fois très ferme sur l’intégrité territoriale de son pays et sur les principes constitutionnels, sans pour autant recourir à l’usage excessif de la force.
Face au retour des sentiments nationalistes, il est urgent que l’Europe redevienne synonyme d’espoir et qu’elle ne se résume pas à la concurrence économique et à la libre circulation des capitaux. Une Europe des chiffres qui semble sourde aux attentes des peuples. Les dernières décisions prises à Bruxelles montrent qu’un changement de cap est amorcé. Il mérite d’être confirmé encore plus fermement. Quant-à l’Espagne, elle devra guerrir ses blessures.