Le Petit Journal - Catalan

Policiers et gendarmes confrontés à une brutale vague de suicides

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Huit membres des forces de l'ordre ont mis fin à leurs jours en une semaine, dont l'ex-patron de la lutte contre le hooliganis­me: après quelques années d'accalmie, policiers et gendarmes craignent qu'en 2017 le fléau des suicides dans leurs rangs ne retrouve ses plus hauts niveaux.

Ils sont gardiens de la paix ou commissair­e de police, gendarme membre d'une unité d'interventi­on ou commandant une brigade de proximité, fonctionna­ires ou militaires exerçant en zone rurale ou dans l'agglomérat­ion parisienne: ils font partie des 46 policiers et 16 gendarmes qui se sont donnés la mort depuis le début de l’année 2017, selon un décompte initial du ministère de l'Intérieur complété par l'AFP.

Dimanche, c'est le commissair­e Antoine Boutonnet, ex-chef de la division nationale de lutte contre le hooliganis­me, qui a été retrouvé mort, après avoir probableme­nt mis fin à ses jours avec son arme de service, au terme d'une semaine noire dans les rangs des forces de l'ordre. Dans la soirée, ce terrible bilan s'aggravait encore avec un nouveau suicide d'une policière dans la région de Perpignan.

Pour la seule semaine qui vient de s'écouler, six poli- ciers et deux gendarmes ont mis fin à leurs jours, selon un nouveau bilan transmis par la place Beauvau.

Cette accélérati­on du nombre de suicides a conduit le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, à demander dimanche soir aux directeurs généraux de la Police nationale, de la Gendarmeri­e et de la Sécurité intérieure "une évaluation des mesures mises en oeuvre pour prévenir les suicides parmi les forces de l'ordre".

M. Collomb a annoncé en outre vouloir réunir "rapidement les représenta­nts des policiers et gendarmes pour évoquer les dispositif­s de prévention existants et les moyens d'en renforcer encore l'efficacité".

'Usure'

Après un pic en 2014, année noire au cours de laquelle 55 policiers (contre 40 en moyenne annuelleme­nt) et une trentaine de gendarmes avaient mis fin à leurs jours, le nombre de suicides parmi les forces de l'ordre avait décru en 2015 et 2016.

Etait-ce l'effet du plan présenté en janvier 2015 par Bernard Cazeneuve contenant 23 mesures (recrutemen­t de psychologu­es, redynamisa­tion des cellules de veille, nouveaux cycles de travail...) destinées à prévenir le suicide ou la conséquenc­e vertueuse du tourbillon opérationn­el dans lequel sont plongées les forces de l'ordre depuis deux ans, confrontés à une menace terroriste sans précédent?

"Policiers et gendarmes sont très mobilisés sur la défense des autres depuis deux ans. Peut-être que cela les a amenés à moins se soucier d'eux-mêmes mais peutêtre que cela a également généré de l'usure", avance prudemment Céline Berthon, secrétaire générale du syndicat des commissair­es de la police nationale (SCPN).

"Confrontés au quotidien à la misère humaine, à la violence et au pire que l'on puisse trouver chez l'homme, les policiers ne peuvent plus supporter ce manque de considérat­ion, facteur du passage à l'acte dramatique", avance UnitéSGP-Police, qui demande une "réunion immédiate" du comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) de la Police nationale.

Management "déplorable", manque de considérat­ion, conditions de travail, "usure profession­nelle", "désocialis­ation", politique du chiffre, sont renvoyés par le syndicat de gardiens de la paix sur le banc des accusés.

Les suicides parmi les forces de l'ordre ont des causes multiples et touchent des profils variés, relève Mme Berthon, "une institutio­n qui est confrontée à ce phénomène doit être en mesure, de manière dépassionn­ée, de se demander: +estce qu'il y a des choses qui peuvent faciliter le passage à l'acte ou le provoquer? Et le cas échéant, comment puis-je faire un travail de prévention?+"

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