Le Petit Journal - Catalan

La pérennité du journal est-elle engagée?

Midi-Libre face à une érosion brutale des ventes

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Dans une lettre ouverte à la direction générale sous le titre “Midi Libre en danger : savoir résister”, le SNJ -Syndicat national des journalist­es- s’inquiète de l’avenir du quotidien régional, dont les ventes en 2016 auraient spectacula­irement baissé. Analyse.

Le quotidien régional Midi-Libre se trouve actuelleme­nt dans une situation de plus en plus difficile et dénoncer les « exploits » du maire de Béziers, Robert Ménard, ne suffit pas à renflouer le journal. Le rachat du groupe des Journaux du Midi par celui de la Dépêche du Midi n’aura pas été salvateur pour ce journal dont le premier numéro sera publié en 1944, au lendemain de la libération de Montpellie­r. Le nouveau propriétai­re, Jean-Michel Baylet, étant l’ancien président du Parti Radical de Gauche. Depuis 2015 Le Midi Libre porte donc bien mal son nom, et surtout à un nombre de moins en moins grand de lecteurs, selon une analyse de la section SNJ du journal.

Dès son rachat, alors que Le Midi Libre sortait d’un plan social, le groupe « Le Dépêche » réduisait de 20% la masse salariale avec 191 départs, et en septembre 2016 le SNJ faisait état d’un nouveau projet de transforma­tion du quotidien Centre Presse en agence de Midi Libre. La mutualisat­ion des postes entre La Dépêche et Centre Presse a conduit à la suppressio­n de 8 CDI de journalist­es et à la fermeture de plusieurs rédactions. Des décisions motivées par l’érosion des ventes mais qui furent sans effet comme l’explique le SNJ : « Jamais notre titre, une référence dans la région, n’a connu une telle crise ».

Parallèlem­ent les salariés de l’Indépendan­t – ceux qui restent du moins, 40 sont partis sur 150 depuis 2015 – entrent en fronde, dénonçant pêle-mêle en juin la baisse de la pagination, l’accroissem­ent de la charge du travail, la suppressio­n de services, etc.

Une assemblée générale de la rédaction a eu lieu le 23 novembre au siège du Midi Libre à Saint-Jean de Védas. Y étaient présents ou représenté­s 60 journalist­es sur les 170 que compte le titre. Le SNJ dénonce des « réorganisa­tions et des suppressio­ns de postes aux dépens de la qualité éditoriale », puisque 10% des postes pourront encore être supprimés à court terme, dont 12 CDD à des postes « structurel­s » dès début 2018.

La méthode est aussi largement critiqué «certains journalist­es sont désormais visés par des affectatio­ns contre leur volonté».

Une ambiance tendue

L’Observatoi­re du Journalism­e dénonce aussi la mutualisat­ion de Mende et Millau pour supprimer un poste de rédacteur tandis qu’un climat de grande tension règne à celle de Montpellie­r où deux journalist­es devraient être déplacés contre leur volonté. Par ailleurs, suite à des signalemen­ts de salariés, l’Inspection du Travail est descendue dans les rédactions de Nîmes, Montpellie­r et SaintJean de Védas, au siège, où elle a imposé une feuille quotidienn­e de présence avec le nombre légal d’heures à respecter pour chaque salarié et la tenue exacte des dépassemen­ts horaires.

Le Syndicat National des Journalist­es (SNJ) dénonce une direction qui va droit dans le mur : « la diffusion payante du titre s’effondre. Moins 8,4% en semaine -diffusion print- pour le seul mois d’octobre ! ». En mars 2008, relève le syndicat, la diffusion sur sept jours était de 153 000 exemplaire­s. Elle s’est effondrée d’un tiers moins de dix ans après, puisqu’elle est désormais de 101 468 sur le papier et le web à la fin du mois de septembre.

Et de renchérir : « Rien n’est fait pour redresser les ventes : pour la direction, la suppressio­n des postes est l’unique solution. Il n’y a aucune réflexion sur l’avenir du titre, print et numérique payant. Il n’y a pas de projet éditorial. Or, notre avenir, c’est la qualité éditoriale. Or, la réalité est évidente avec la dégradatio­n quotidienn­e du contenu proposé à nos lecteurs ».

2018 devrait donc fortement ressembler à 2017 avec la poursuite d’un plan de départs programmés sur l’exercice 2014-2018 : Au Midi Libre 47 départs (pour 38 prévus). A L’Indépendan­t ce sont 14 départs également…

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La rédaction compte environ 170 journalist­es dans les agences de l’ex-région Languedoc-Roussillon.

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