Une Région qui n’a pas été à la hauteur
Dans son rapport, la Cour des comptes pointe les «résultats insuffisants» et les actions «désordonnées» des collectivités locales en matière de développement touristique entre 2010 et 2016. Le conseil régional d’occitanie n’est pas épargné avec la stratég
Dans son rapport, la Cour des comptes pointe les « résultats insuffisants » et les actions « désordonnées » des collectivités. Le conseil régional d’occitanie n’est pas épargné avec la stratégie qualifiée d'« hasardeuse ».
Les griefs ne manquent pas : Parc hôtelier vétuste, clientèle peu diversifiée, manque de formation des saisonniers, nos élus sont invités à revoir leur copie.
La conclusion du rapport définitif de la Cour des comptes est implacable : « Les actions menées par les collectivités territoriales et leurs satellites de 2010 à 2016 n’ont pas permis de valoriser pleinement le potentiel touristique du Languedoc-Roussillon. »
Si la promotion touristique est une affaire privée, les investissements publics n'ont pas été à la hauteur de l'impulsion donnée par l'État dans les années 60 avec la mission Racine. Laquelle a par exemple permis la construction de la station balnéaire de la Grande Motte pour concurrencer l'Espagne et la région Paca.
Taux d'investissements en baisse, hausse des défaillances d'entreprise, manque d'établissements de standing, clientèle de classe moyenne peu diversifiée (à peine un quart d'étrangers), tourisme saisonnier concentré sur le littoral... Les magistrats financiers qui veillent à la bonne utilisation des deniers publics font le constat d'une « économie fragile qui demande à être confortée », alors même que le tourisme représente 13% du PIB du Languedoc-Roussillon.
« Le taux d'occupation ré- gional (42,4%) est inférieur à la moyenne nationale (44,3%). La hausse des nuitées (+4,5% depuis 2010) est surtout due aux campings (+8%) », ajoute Hélène Motuel-Fabre, présidente de la deuxième section de la Chambre régionale des comptes d'Occitanie.
Chacun pour soi et sauve qui peut
Pour la chambre régionale des comptes, l'émanation locale de la Cour des comptes, l’action des collectivitées locales est qualifiée de « désordonnée » et « non concertée » en matière touristique.
Elle est tout d’abord insuffissante et l’argent sert surtout à faire «tourner la boutique». En 2014, les collecti- vités ont injecté 100 millions d'euros en faveur du tourisme (70 millions en fonctionnement, 30 en investissement) alors même qu'elles ont perçu 565 millions d’euros de recettes via les taxes d'habitation, de séjour ou sur les résidences secondaires.
Leur action a ensuite pâti d'une « gouvernance complexe », estime la Chambre qui a comptabilisé 138 offices du tourisme en Languedoc-Roussillon et de nombreux doublons comme à Carcassonne, où la Ville et l'Agglo ont chacune leur structure. « Les compétences sont morcelées et n'ont parfois même pas été exercées véritablement. » Les sites touristiques n'ont pas assez été mis en valeur, note la Chambre.
Rien pour la formation
Enfin, pourtant en charge de la formation professionnelle, le conseil régional n'a pas réussi à faciliter le recrutement de personnels saisonniers qualifiés. C'est d'ailleurs l'une des trois recommandations faites à la grande Région Occitanie désormais aux affaires et invitée à gérer les aides ellemême, sans passer par la SEM. La Cour des comptes conseille aussi à l'actuel conseil régional, outre les ports et les aéroports - « ontils tous leur raison d'être ? » - , de « rationnaliser » les offices de tourisme en optant pour une « gestion intercommunale ».
Des orientations qui vont, comme souvent avec la Cour des comptes, dans le sens d'une réduction des dépenses publiques. À charge de la présidente de Région Carole Delga (qui vise 55 millions de nuitées touristiques d'ici 5 ans contre 35 aujourd'hui) de trouver un juste équilibre.