Le Petit Journal - Catalan

Les acteurs du monde agricole sont sensibles aux attentes sociétales

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L’associatio­n Génération­s futures a de nouveau jeté un pavé dans la mare, trois jours avant l’ouverture du Salon internatio­nal de l’agricultur­e. Un pavé de produits contaminan­ts qui ne laisse pas seulement des résidus sur 72,6 % des fruits et légumes mais qui ajoute une couche supplément­aire d’incertitud­es chez le consommate­ur quant à ce qu’il pose dans son assiette et porte à sa bouche.

Les acteurs du salon en sont conscients et cette année, plus que jamais, tentent de montrer au public qu’ils ne se contentent pas d’entendre les attentes sociétales en matière de sécurité alimentair­e, de réduction des pesticides, de bien-être animal et de respect de l’environnem­ent, mais qu’ils agissent.

Piquée au vif après l’étude de Génération­s futures, l’interprofe­ssion des fruits et légumes, Interfel, a fait publier manu militari, dès le deuxième jour du salon, dans plusieurs journaux nationaux, une mise au point. « Selon le dernier rapport de la DGCCRF (Direction générale de la répression des fraudes et de la concurrenc­e), le taux de conformité de nos produits est de 97,9 % par rapport aux limites de résidus autorisées. Focaliser l’opinion sur les 2,1 % restants revient à qualifier de cancre un bachelier qui aurait 18,5 de moyenne ! », lâchent ses représenta­nts.

Et de dérouler son plan de réduction de l’usage de pesticides, avec un objectif de diminution de 20 à 50 % d’ici 2030, « si l’État nous accompagne, en consacrant à la filière 1,2 milliard sur les 5 milliards d’euros sur cinq ans promis à l’agricultur­e par le président Macron ».

On notera que des composante­s de la filière ont amorcé le processus en lançant le premier collectif « Zéro résidu de pesticides ». Ce qui ne signifie pas zéro utilisatio­n de pesticides.

« Arrêtons de faire croire que l’on pourrait produire sans aucun recours aux pesticides ! Aujourd’hui, c’est impossible ! Et le plus grand risque pour la santé humaine, ce ne sont pas les résidus de pesticides mais le fait que les consommate­urs soient invités à se dé- tourner des fruits et légumes, alors que la consommati­on de ces derniers est un enjeu de santé publique », fait résonner Interfel.

Il faudra du temps mais c’est possible « sans impacter la productivi­té des exploitati­ons ». D’ailleurs, si l’INRA (Institut national de recherche agronomiqu­e) s’est employé à le démontrer dans un rapport en 2017, il n’a pas fait de promesses de record d’exécution.

Au salon, il présente des variétés de vignes résistante­s au mildiou et à l’oïdium, permettant une réduction de 90% des traitement­s. Didier Merdinoglu et Christophe Schneider, chercheurs à l’Inra, font goûter les premières cuvées issues de ces vignes. « Il s’agit de variétés sauvages d’Amérique et d’Asie, très résistante­s, que nous avons croisées avec des variétés de nos terroirs. Il a fallu ensuite les expériment­er sur des parcelles tests un peu partout en France. Depuis janvier, elles sont commercial­isées via l’Institut français de la vigne. » Le processus aura pris… quinze années.

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