L’ANCIEN FLIC DÉNONCE !
Jean-René Augé nous entraine dans les coulisses de la lutte contre l’immigration clandestine.
Qui mieux que cet ancien chef de service de la police aux frontières, ayant chapeauté la cellule d’éloignement des étrangers en situation irrégulière dans les Pyrénées-Orientales, pouvait nous guider avec simplicité dans les méandres de ce droit si particulier, selon lui, révélant au passage «les petits arrangements de la police perpignanaise pour augmenter fictivement ses statistiques...»
Après presque 5 ans de silence Jean-René Augé, reprend la plume pour vulgariser le droit des étrangers, nous permettant de mieux comprendre les mécanismes de la lutte contre l'immigration clandestine. Au moment même ou le gouvernement se prépare à réformer les politiques d'immigration et d'asile, l'auteur roussillonnais s'empare du sujet pour dénoncer une course aux chiffres ridicule qui cantonne la police dans des missions ne présentant qu'un intérêt statistique, au détriment de son efficacité et bien évidemment, au détriment de l'intérêt général...
Qui mieux que cet ancien chef de service de la police aux frontières, ayant chapeauté la cellule d’éloignement des étrangers en situation irrégulière dans le département des Pyrénées-Orientales, pouvait nous guider avec simplicité dans les méandres de ce droit si particulier, selon lui, révélant au passage 'les petits arrangements de la police perpignanaise pour augmenter fictivement ses statistiques...'
C.B : Pensez vous que la course aux chiffres que vous dénoncez dans votre livre, nuit réellement à l’efficacité de la lutte contre l’immigration clandestine.
Jean-René Augé : Oui. C’est tout à fait ça. Politique du chiffre, politique du résultat, méritocratie… le système de primes accordées aux autorités de la police aux frontières conduit toujours à des aberrations, parfois risibles et plus grave, parfois contraires au droit. N'importe quel policier de terrain pourrait vous le dire : promotions, mutations ou primes, tout est lié à la réalisation d’objectifs, à l’affichage de résultats, et toute l'activité des directeurs départementaux et des chefs de service, se résume à une stupide course aux chiffres qui ne veut plus dire grand choses…La police aux frontières perd son énergie et son argent
dans des actions qui n’ont qu’un intérêt statistique et se détourne de sa véritable mission de service public…
C.B : Mais comment peut-on augmenter les statistiques. A priori, on ne peut pas « inventer » des clandestins…
Jean-René Augé : Quand on parle de clandestins on pense bien évidemment aux migrants qui arrivent sur les côtes de l’Europe et qui se répartissent dans les pays européens. La police a une conception beaucoup plus large que ça. Des étrangers qui vivent régulièrement en Espagne sont considérés comme clandestins s’ils viennent en France avec leur seul titre de séjour espagnol. S’ils ne peuvent pas présenter leur passeport en même temps que ce titre, ils sont considérés et traités comme des clandestins sur le territoire. La police établit alors une procédure à leur encontre, avant de les remettre directement à la police espagnole qui bien évidemment…
Les relâche aussitôt… On en revient au même : beaucoup de travail et d’argent gaspillé pour arrêter des gens dont on sait parfaitement qu’ils sont en règle, mais qui augmentent généreusement la rubrique statistique « clandestins interpellés ».
Dans le département, ce sont près de 400 clandestins qui doivent être interpellés chaque mois, et quand on est loin du compte, et bien… On envoie des équipes à Bourg-Madame, contrôler les transfrontaliers.
On a parlé des interpellations, mais on pourrait tout aussi bien parler des éloignements exécutés. Il existe des moyens de fausser toutes ces données. Perpignan a été un exemple en la matière…