Des algues pour nettoyer les coques
L’Institut Paul Ricard teste des molécules antiadhésives naturelles pour récurer lapartie immergée des bateaux
Quand un bateau reste longtemps immobilisé à quai, on dit souvent "qu’il fait des moules". Au fil des mois, divers organismes marins, notamment des algues et des coquillages, colonisent en effet la partie immergée de sa coque. L’invasion peut être impressionnante.
Outre le fait d’alourdir le bateau, ces organismes le ralentissent, augmentent sa consommation de carburant et accélèrent la corrosion du métal. Ils constituent aussi un vecteur de dissémination d’espèces invasives. Au final, si le bateau veut reprendre la mer, un nettoyage complet de ses oeuvres vives s’impose.
Pour prévenir ce phénomène, la plupart des navires sont traités au moyen de peintures spéciales, dites "antifouling", qui retardent le développement de ces parasites. Mais leur principal inconvénient est d’être très agressives pour le milieu naturel. Leur formulation com- porte en effet de puissants biocides.
Ll’institut Océanographique Paul Ricard (Iopr), sur l’île varoise des Embiez travaille depuis quatre ans sur le sujet et il a été constaté que l’algue brune Taonia atomaria, était très peu colonisée par d’autres organismest, sans doute parce qu’elle a développé des pro- cédés qui évitent le biofouling. Les chimistes ont alors extrait des molécules et les ont testé sur des bactéries mais aussi des crustacés, en particulier les balanes dont les coquilles génèrent un ciment très dur. Il a été constaté que se produisait effectivement un phénomène antiadhésif.
Mais ces molécules restent très difficiles à extraire et leur coût de fabrication en est très élevé, de l’ordre de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour un gramme de produit actif. D’où l’idée des chercheurs de travailler sur plusieurs espèces afin d’élargir l’éventail des possibilités.
Il est aussi possible de travailler sur d’autres aspects du problème, notamment la structure des matériaux. On sait par exemple que la peau de requin est naturellement antifouling, tout comme le sont la carapace de certains crabes ou le squelette externe de certaines éponges et coraux.
Les recherches se poursuivent donc dans cette direction où parallèlement de nouvelles molécules extraites de microalgues de type diatomées, présentes dans l’océan Indien, notamment autour de l’île de La Réunion, vont bientôt être testées. Elles pourraient ouvrir de nouvelles perspectives en matière de préservation du milieu marin.