Le syndrome Zapatero
Les experts affirment que la grande vague migratoire poussant les «damnés de la Terre» sur les rives du Vieux continent est derrière nous. Pourtant, un navire chasse l’autre. Après l’Aquarius, c’est désormais au tour du Lifeline et à ses 230 migrants d’être bloqués en pleine mer. Les dirigeants occidentaux multiplient les réunions, les réfugiés continuent à embarquer vers leur destin. La réalité poursuit son inexorable marche dans le brouhaha de vains conciliabules. Le mini-sommet de dimanche n’a permis aucune avancée. Et l’on peut déjà douter de l’issue du Conseil européen de jeudi et vendredi. Car la question migratoire place l’Europe au pied du mur et de ses contradictions.
L'Europe des beaux discours, des valeurs humanistes et des droits de l'Homme sombre devant l'exaspération des électeurs. Ou, pour caricaturer, l'égoïsme l'emporte sur l'angélisme.
L'Allemagne est à deux doigts d'imploser, Macron irrite et les autres mettent les voiles. Il n'est plus question que de camps internes ou externes, de hotspots, de plate-formes de débarquement et de tri, de mafia et de flux à stopper. Pour les partis politiques, la crise migratoire est un redoutable piège. Plus ils prônent l'ouverture et l'accueil, et plus ils font monter la crainte de voir arriver toujours plus de migrants.
Ainsi l’accord sera d’autant plus difficile à élaborer que chaque pays est déstabilisé par cette question. Pour EmmanuelMacron, il s’agit de contenir l’extrême droite par une politique de fermeté. En Allemagne, une crise sur la question migratoire menace même l’implosion entre les alliés traditionnels de droite. Le poison est en vérité à l’oeuvre partout avec comme problématique : Comment accueillir les migrants sans créer un appel d’air. L’Europe ne veut pas faire la même erreur que jadis Zapatero en Espagne.