Destruction du patrimoine architectural : l'inquiétude
Alors que des spécialistes ( architectes, historiens de l’art, MM. Mathon, Poisson, Cabanne, notamment) estiment que les immeubles du quartier Saint-Jacques peuvent être restaurés afin de conserver le patrimoine historique de Perpignan, la mairie a opté pour la destruction. Motif : insalubrité. Observons en effet des immeubles qui se dé- gradent sous l’effet de l’humidité par exemple. Ils s’agit d’immeubles en cayrou dont certains datent du 13e s. Les projets architecturaux pour remplacer ces vestiges médiévaux sont des immeubles d’architecture sans rapport avec la spécificité de la cité roussillonnaise. Si celle-ci mise sur le tourisme, où sera l’intérêt de venir ici pour trouver une architecture semblable à celle de la nouvelle Bruxelles, du nouveau Paris, etc. ? Au 19e s., les Romantiques, esprits éclairés et universels comme Victor Hugo, Prosper Mérimée, Théophile Gautier, déploraient déjà cette tendance à l’uniformisation. Après avoir commencé à détruire certains immeubles place du Puig, la municipalité, à l’issue de négociations avec les habitants du quartier, la préfecture, a décidé de faire une pause pour réfléchir.
En attendant, les habitants de Saint-Jacques, très attachés à leur quartier où depuis des décennies vivent leurs familles dans des relations de solidarité intergénérationnelle, éprouvent un sentiment d’insécurité. Les destructions, selon eux, se sont passées dans la précipitation. « Pas d’arrosage pour éviter la poussière des démolitions par exemple. Le soir, on étouffait », témoigne une habitante. On est loin, semble-t-il, de la volonté d’aérer un quartier construit pourtant en adéquation avec le climat particulier de la région. Et la question ne laisse pas indifférente la presse nationale et internationale. Le
New York Times, le journal La Croix, la presse russe, La Tri
bune de l’art se sont rendus dans le quartier pour tenter de comprendre la situation.