Un tour pour rien ?
Sans autre ressource idéologique que la dénonciation des migrations, Marine Le Pen tape dur sur Macron, égratigne Wauquiez et supprime carrément la gauche de son idéal d’une France éternelle. Sa rentrée politique ne se fait pas sur l’enjeu européen, contrairement à ses dires. Dans les cahots juridiques et alors qu’on la dit un peu trop vite éreintée, elle prend tout le monde de court en visant déjà, tout simplement, la présidentielle.
Mais pour l’instant c’est le scrutin européen qui arrive à point nommé pour le RN après le fiasco du dépat de second tour de la Présidentielle. Il a tout intérêt à placer la question migratoire et la critique de l’Europe actuelle au coeur d’une campagne redoutée tant par les pro-européens, qui n’ont plus le verbe haut, que par des partis de gauche en plein doute sur leur propre stratégie.
Si le gouvernement ne parvient pas à faire reculer le chômage et à accroître le pouvoir d'achat des Français, ces derniers le feront payer à la liste LREM. De manière symétrique, si le Rassemblement national continue à soutenir des mouvements européens gangrenés par la xénophobie et l'antisémitisme, c'est tout l'effort de dédiabolisation qui sera réduit à néant. Il serait judicieux, aussi, que tous les partis en course restent modestes dans leurs prétentions. Les mieux placés sont donnés à 20%. Mais, avec un taux d'abstention qui risque encore d'être élevé – 57% en France, en 2014 – les vainqueurs n'auront pas de quoi pavoiser.