Un « pardon » historique
Emmanuel Macron a franchi un nouveau pas dans le travail de mémoire sur la guerre d’Algérie. Soixante-et-un ans après la mort sous la torture de Maurice Audin, militant communiste victime « du système institué alors en Algérie par la France », il a demandé pardon à sa veuve.
Un geste présidentiel politique accompli à la veille de l’ouverture de la Fête de l’Humanité, et le jour de l’annonce du plan pauvreté.
Par ce document, le président « reconnaît, au nom de la République française, que Maurice Audin a été torturé puis exécuté, ou torturé à mort.
Emmanuel Macron a également annoncé l’ouverture des archives sur le sujet des disparus civils et militaires, français et algériens.
Français ayant dû fuir l’Algérie (les "piedsnoirs"), combattants algériens s’étant battus pour la France puis abandonnés par cette dernière (les harkis), familles des disparus enlevés par les Français ou les Algériens, jeunes appelés du contingent jetés dans la guerre… Des pans entiers de la société française ont été meurtris par cet épisode et Emmanuel Macron semble décidé à crever l’abcès.
Le 11 juin 1957, en pleine bataille d’Alger, Maurice Audin, un assistant de ma- thématiques à la faculté d’Alger et membre du Parti communiste algérien, suspecté d’aider le Fln, était arrêté, probablement par des parachutistes du général Jacques Massu. Sa trace se perd dix jours plus tard. L’explication officielle donnée à sa disparition – « évasion au cours d’un transfert » – n’a jamais convaincu ses proches, qui devront attendre jusqu’en 2013 l’ouverture des archives de l’affaire.
Dans « La vérité sur la mort de Maurice Audin » paru en janvier 2014, le journaliste Jean-Charles Deniau concluait que Maurice Audin avait été tué par un sous-officier français sur ordre du général Massu.
Le ministre algérien des Moudjahidine (anciens combattants) a qualifié « d’avancée » et de « pas positif», cette reconnaissance.