L'octogénaire jugé pour triple meurtre "ne se remet pas en cause"
Joachim Toro, accusé de trois meurtres et de deux tentatives de meurtre en 2011 à Rivesaltes (PyrénéesOrientales), "ne se remet pas en cause", a affirmé une experte vendredi, premier jour du procès en appel de ce plombier à la retraite de 85 ans devant la cour d'assises de l'Aude.
"Il ne se remet pas en cause, c'est une victime", a déclaré lors de sa déposition la psychologue-clinicienne qui l'a rencontré à trois reprises - en 2012, 2013 et août 2018. "Il pense aux familles mais ne mesure pas sa responsabilité".
Joachim Toro encourt la réclusion à perpétuité pour avoir, le 3 mars 2011, tiré au fusil de chasse sur sa maîtresse de 29 ans et sa cousine, près de Rivesaltes, avant d'aller tuer au hasard trois hommes dans le centreville : Michel Raspaud, un retraité de 72 ans, et deux employés municipaux, JeanLuc Joffre (42 ans) et JeanPhilippe Abribat (36 ans).
Le plombier retraité avait ensuite tenté de se donner la mort en retournant l'arme contre lui. Il avait été condamné en février 2016 à 30 ans de réclusion criminelle par les Assises des Pyrénées-Orientales.
L'accusé, qui a subi une chirurgie de reconstruction faciale depuis sa tentative de suicide, a toujours soutenu avoir été victime de "chantage" et d'"extorsion" à hauteur d'environ 400.000 euros, de la part de la cousine et de la jeune femme.
Celle-ci avait accusé M. Toro d'avoir abusé d'elle quand elle était mineure, avant d'évoquer des relations sexuelles plus tardives avec lui en échange d'importantes sommes d'argent, parlant de "50 à 60.000 euros".
"Pour lui, ce sont les deux femmes qui sont à l’origine de tout", a confirmé la clinicienne vendredi.
Après le rejet de sa demande de renvoi et la confirmation de la tenue de son procès jusqu'au vendredi 28 septembre, l'octogénaire a pris la parole. Dans un discours logorrhéique, il est revenu sans cesse sur les deux jeunes femmes qui auraient causé sa perte et a relaté, secoué par des sanglots, "l'accident" que constituerait son tir sur Michel Raspaud. Une hypothèse qui avait été écar- tée par la balistique comme l’a rappelé jeudi le président de la cour d’Assises.
"On ne l'a jamais vu comme ça. C'est scandaleux, ce qu'il a dit", a jugé la mère d'une victime à la sortie de l'audience. "Il ne se remet pas en question".
Les deux femmes victimes de tentative de meurtre doivent être entendues par la Cour d'assises de l'Aude, mardi ou mercredi. Le réquisitoire est attendu jeudi, le verdict vendredi prochain.