Partir travailler avec la peur au ventre
Policier. Un métier à risque
Alors que vient de paraitre chez Albin Michel, « La peur a changé de camp », un livre signé Frédéric Ploquin. Le journaliste y explique que la profession de policier a considérablement évolué ces quatre dernières années. Et que les policiers français travaillent souvent avec la peur au ventre. Ce constat est également partagé dans les PyrénéesOrientales même si le contexte est un peu moins tendu qu’ailleurs.
Le constat est simple : La peur du flic n’agit presque plus. Et les fonctionnaires de police sont devenus des cibles.
Déjà, cela fait quelques années que les policiers ont appris à se rendre de plus en plus discrets dans leur vie de tous les jours.
Certains d’eux nous n’ont qu’une crainte : que des terroristes remontent jusqu’à leur domicile et les assassinent ». Comme cela a été le cas à Magnanville, dans les Yvelines, en juin 2016, où un couple de jeunes policiers a été tué à l’arme blanche par un jihadiste disant avoir agi au nom de l’État islamique. Ce fait divers - comme l’attaque de la voiture de service au cocktail molotov, à ViryChâtillon, dans l’Essonne, il y a deux ans - a fortement marqué les esprits.
Une semaine avant les meurtres de Magnanville, une liste de 112 000 policiers provenant de la Mutuelle Générale de la Police avait fuité sur le web. Ce fichier, qui était sécurisé, a été rendu public volontairement par une personne mal intentionnée. On y trouvait des adresses mail, des adresses postales et des numéros de téléphone de fonctionnaires de police. Aucun lien n’aurait été établi entre cette fuite et ce double meurtre. Mais on peut s’interroger. Car les victimes adhéraient à cette mutuelle.
LA CRAINTE DE SE FAIRE SUIVRE
Désormais, les policiers redoublent vraiment de vigilance quand on rentre chez nous après le travail. Il arrive que dans des grandes surfaces un policier se retrouve nez à nez avec un type que j’avais interpellé précédemment. Comme par hasard, il le retrouvais dans tous les rayons. De l’intimidation.
Ces pressions sont bien réelles. Il ne faut pas les prendre à la légère. Il est bien loin le temps où ils allaient au boulot et rentraient chez eux en uniforme.
Et plus la commune est petite, plus les chances de rencontrer ces délinquants est importante, on pourrait appeler cela la police de proximité dans son aspect le plus négatif.
Parfois aussi, les policiers surprennent des hommes qui rôdent près des commissariats. Ils s’informent sur les numéros des plaques des véhicules personnels.
Sans compter que souvent policiers et délinquants habitent le même secteur, faute de moyens financiers suffisants ils sont obligés d’habiter dans les quartiers où, parfois, ils travaillent. La vie n’est alors pas évidente.
À ce sujet, de nombreux policiers demandent que des appartements de fonction inoccupés et détenus par la gendarmerie soient mis à disposition des jeunes fonctionnaires de police en région parisienne et ailleurs.
METTRE EN GARDE SON ENTOURAGE
Ces dernières années aussi, les policiers ont appris à se faire très discrets sur leur profession. Ainsi il n’est pas rare qu’ils demandent à leurs enfants de ne pas dire que leur père ou leur mère est policier.
Même les petits délin- quants sont à craindre. Qui dit que, dans quelques années, ils ne deviendront pas de dangereux terroristes ? On le voit aujourd’hui : nombreux sont ceux qui sont passés par là.
Pendant longtemps, les policiers ont demandé l’anonymisation des procédures judiciaires lorsque la révélation de leur identité est susceptible de mettre en danger leur vie ou leur intégrité physique, ou celles de leurs proches. La mesure vise à assurer une meilleure protection des forces de l’ordre, notamment hors de leur service. Aujourd’hui, les délinquants ont leur nom et leur prénom. Ils peuvent donc les retrouver facilement ».
Car si l’anonymisation est quand même actée, elle n’est pas automatique. Il faut en faire la demande au magistrat et argumenter. Alors que le matricule à lui seul suffit amplement pour que l’administration ou la justice les identifie.