Chaud sur les Pyrénées
Les dernières études révèlent une augmentation des températures à n’importe quel moment de l’année.
Les dernières études révèlent une augmentation des températures à n’importe quel moment de l’année. Une hausse qui s’est accélérée au cours des trois dernières décennies écrivent les auteurs de l’épais rapport qui vient d’être publié par l’Observatoire pyrénéen du changement climatique, un organisme mis en place en 2010.
La tendance est la même de part et d’autre de la frontière franco-espagnole alors que la conférence annuelle sur le climat vient de s’achever dans l’indifférence générale en Pologne.
Dans le massif pyrénéen cette hausse est plus soutenue qu’en plaine : elle a été de l’ordre de 0,2 °C par décennie dans la seconde moitié du XXe siècle, avec une pointe à 0,4 °C par décennie en période estivale. Soit un taux d’augmentation des températures supérieur à ce qui a été constaté il y a 11 700 ans, après la dernière glaciation.
Et la courbe ne va pas s’infléchir. Au pire, la température maximale moyenne dans les Pyrénées pourrait s’élever dans une fourchette de 1 °C à 2,7 °C à l’horizon 2030 (par rapport à la moyenne 1961 - 1990), de 2 °C à 4 °C en 2050 et de 4,3 °C à 7,1 °C en 2100.
Dans l’hypothèse où nous déciderions de réduire drastiquement nos émission de gaz à effet de serre, on se situerait tout de même dans les parages d’un réchauffement pyrénéen de 1,9 °C à 4,2 °C en 2100 (toujours en référence à la moyenne 1961 - 1990).
DISPARITION DE LA NEIGE
Dans ces conditions, le manteau blanc que l’on peut contempler sur le massif du Canigou compte ses jours. La prévision est difficile à long terme, car l’ampleur du réchauffement nous reste largement inconnue à un siècle de distance. Elle est plus établie pour 2050 avec « une baisse significative de l’épaisseur de neige ». Dans les Pyrénées, elle fondrait de moitié à 1 800 mètres d’altitude. Et la période de permanence de la neige au sol se réduirait d’un mois. La façade méditerranéenne serait la plus exposée.
Quant aux glaciers, qui ont régressé presque continuellement depuis 1850, ils devraient majoritairement disparaître dans les décennies à venir. Leur dégradation est particulièrement aiguë depuis 1980.
LE CHATEAU D’EAU SE VIDE
Tout ceci aura des conséquences importantes sur le cycle de l’eau. Pas seulement dans les Pyrénées. En aval, les bassins de l’Ebre, de la Garonne, de la Têt et de l’Adour, pour ne citer qu’eux, collectent les eaux qui dévalent du massif. L’eau potable, l’agriculture, l’industrie et la production hydroélectrique dépendent de cette ressource sur un territoire qui comprend des millions d’habitants et certaines des concentrations urbaines les plus importantes de la région.
Dans le bassin de l’Èbre, des diminutions significatives du débit annuel ont été détectées sur plus de 50 % des stations de mesure étudiées au cours de la période 1950-2010.
La multiplication des épisodes pluvieux au cours de l’hiver et la fonte précoce des neiges vont considérablement influer sur la saisonnalité des débits des rivières. Ils pourraient chuter dès le début du printemps. L’eau viendra aussi à manquer en été.