Age tendre et tête de bois

Le petit fils d’un ami est convoqué devant un juge pour enfants pour une bêtise de trop. Depuis plusieurs mois, son entourage a vu un enfant docile et plein de joie de vivre se transformer dans son corps et dans sa tête. Il a grandi d’un seul coup, sa voix est devenue grave et c’est l’avis des copains qui l’emporte sur tout. Les crises de violence et les mauvaises notes ont suivi. Sa mère qui l’élève seule a l’impression qu’on a remplacé son gentil petit garçon par un mutant. Son grand père est partisan de la manière forte.

Nous avons tous vécu cette période de grande turbulence où on ne se reconnaît plus. On a tous fait des bêtises à cet âge et on a tous eu besoin d’être tenus responsables de nos erreurs. Il faut sanctionner, bien sûr. Mais aussi d’urgence rétablir une écoute et un dialogue. Et demander de l’aide si on est trop impliqué par ses émotions. Il faut condamner l’acte, pas celui qui est et restera toujours notre enfant.

A cet âge, la rebellion contre les parents, contre l’ordre est une étape nécessaire pour se construire. C’est un passage obligé. De mon temps, on appelait ça «l’âge bête». Celui qui y échappe risque de rester l’enfant sage qui ne quittera jamais ses parents et ne deviendra pas adulte.

Il n’y a pas de règles pour élever un enfant. Et ce qui marche bien avec l’un échouera pour son frère. Françoise Dolto disait que de toutes façons on se trompe toujours. Pendant la tempête de l’adolescence, il faut naviguer à vue et attendre que ça passe en essayant de garder le cap.