Comment sortir de l’impasse ?
Les feux de la colère allumés par des adhérents de la FNSEA sont le symptôme d’un réel malaise. Pour le premier syndicat agricole français, c’est aussi une opération très politique qui vise, en interne, à calmer une base prête à durcir le ton et, en externe, à faire pression sur le gouvernement.
« Agribashing’, le mot est lancé. Les agriculteurs ont le sentiment qu’on ne les aime plus comme d’autres professions que sont les policiers, les professeurs et les journalistes? Est-ce si sûr d’ailleurs .
Pourtant, les sondages se succèdent et montrent un attachement massif des Français aux paysans.
Les plus inquiétant est ailleurs.Les chiffres de la balance du commerce extérieur agroalimentaire sont globalement positifs mais, pour la première fois, la France affiche un résultat négatif avec ses voisins européens. Le déficit en fruits et légumes continue de se creuser. Et il n’a fallu qu’une dizaine d’années aux éleveurs de volaille polonais pour éjecter la France de la tête du classement européen. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls à voler dans les plumes tricolores. Pour nos concurrents, le bonheur est dans le pré. Surtout quand il est français.
La France ne cesse de réaffirmer son attachement à l’agriculture. Mais elle n’en tire pas les conséquences.
Elle ne fait pas toujours un bon usage des subventions de la Politique agricole commune (PAC). Elle peine à définir une stratégie. Saupoudre les aides. Ne soutient pas, ou mal, les projets les plus innovants à forte valeur ajoutée sur de petites exploitations.
Une gestion décentralisée pourrait corriger, pour partie au moins, certaines erreurs et réduire les fractures territoriales. Encore faudrait- il aussi lever les freins économiques qui nuisent à la compétitivité des entreprises. Le poids des impôts à la production continue de les fragiliser. Enfin, il faudrait tourner la page d’une agriculture encore trop consommatrice d’intrants, de pesticides et faire de l’agroécologie une priorité.
Sortir d’une spécialisation des territoires qui a contribué à l’appauvrissement des sols et alimenté les crises.
Trop souvent a prévalu l’idée que le salut passait par l’agrandissement des exploitations et la diminution du nombre d’agriculteurs. Ces derniers ne représentent plus que 2% de la population active. Le déclin n’est pas une fatalité.
Les territoires français, la qualité de l’habitat et l’appétit de jeunes urbains parfois très diplômés pour les métiers du vivant sont une chance à saisir. Mais cela ne sera possible qu’en transformant en profondeur les relations entre agriculteurs, industriels et distributeurs.
Les plus anciens, les plus lucides, aussi, le disent parfois d’un air las, en contemplant le paysage agricole hérité des Trente Glorieuses. Les rendements ne font pas tout. Et ne permettent pas toujours d’engranger les revenus attendus. Une autre agriculture, plus humaine et créatrice d’emplois, mais aussi respectueuse de l’environnement, est-elle possible ?
La France peut redevenir une grande puissance agricole. À elle de le décider.
Plutôt optimistes :