Ecole laïque et Républicaine
Par Jean-Paul Martin ancien directeur d’école
Les mères accompagnatrices voilées pendant les sorties de classe à l’école élémentaire provoquent des réactions des défenseurs du principe de laïcité.
Le Préambule de la Constitution de 1946 affirme que « l’organisation de l’enseignement public gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l’Etat ». Or « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte ».
Ce texte énonce ainsi avec la force Constitutionnelle le rôle intégrateur de l’école, lieu de formation et d’émancipation où des élèves, vulnérables, sont appelés à forger leur liberté de conscience.
Encadrer des élèves dans le temps des activités scolaires ou durant un temps pédagogique revient manifestement à contribuer à l’éducation de ceux-ci, laquelle ne se réduit pas à un enseignement mais emprunte aussi et surtout la voie de l’exemplarité.
En ce sens, il est inacceptable de soutenir qu’un accompagnateur serait un « simple usager de l’école », bien que l’état actuel du droit ne permette pas d’interdire à des mères d’élèves de participer à un tel encadrement sous le seul motif qu’elles portent un voile.
Il est évidemment difficile de faire voter des lois contraignantes interdisant le port, dans l’espace public de signes distinctifs d’appartenance à un ordre, à une religion etc....
Mais l’univers scolaire, en tout état de cause, appelle des règles claires et non équivoques, pour préserver nos enfants et protéger toutes les familles du prosélytisme. C’est une condition essentielle du projet émancipateur de la République.
Depuis plus d’un siècle, le principe de laïcité a permis de construire notre société, dans un respect mutuel et dans la cohabitation paisible de la croyance et de l’incroyance.
C’est la voûte commune et protectrice qui préserve à la fois l’intérêt général et la liberté de conscience.
Il appartient, au plus haut niveau de l’Etat, d’en rappeler rapidement toute la portée et toute la grandeur et non pas comme l’a fait le Président de la République de « s’en laver les mains » en déclarant que ce sujet n’était pas de son ressort !
Monsieur le Président de la République, nous attendons votre engagement pour rappeler la force et les vertus du principe de laïcité, au moins au niveau de l’école républicaine, pour réaffirmer nos règles républicaines et pour réunir un pays déjà bien fragmenté.
La « constitutionnalisation » des deux premiers articles de la Loi de 1905, sans autre modification de la constitution, apporterait à ces débats inutiles une réponse claire, sereine et pérenne.