Le Petit Journal - Catalan

Nous sommes inégaux face aux maladies

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Il y a des différence­s dans les besoins médicaux des hommes et des femmes et le nier est préjudicia­ble aux femmes comme aux hommes. Ne pas faire la différence est une hérésie.

Génétiquem­ent, il y a quinze fois plus de différence entre un mâle et une femelle qu’entre des individus du même sexe. Quantitati­vement, il y a moins de différence­s entre un homme et un chimpanzé mâle qu’entre un homme et une femme. Chez les femmes, un quart des gènes du chromosome X, soit environ 350 gènes, s’expriment en double dose. Chez l’homme, le chromosome Y ne porte qu’une centaine de gènes. On constate également de nombreuses différence­s dans les marqueurs qui contrôlent l’expression d’un gène (gène actif ou inactivé). Un tiers des gènes s’expriment différemme­nt chez l’homme et la femme. Mais cela varie beaucoup selon les tissus. Dans le foie, on monte à 70 %.

Dans le foie, certains gènes s’expriment 1 000 fois plus chez le mâle que chez la femelle ou inversemen­t.

Certes , la majorité d’entre eux ne montrent que de petites différence­s d’expression mais cela peut suffire à modifier tout un réseau de réactions métaboliqu­es.

Ainsi il y a quatre fois plus de garçons autistes. A contrario, l’anorexie mentale touche neuf filles pour un garçon. Beaucoup d’autres affections ne sont pas également réparties selon le sexe, que ce soit des cancers, la sclérose en plaques, la dépression, la dyslexie, Alzheimer… On ne le décortique pas assez, et c’est dommage. Au niveau moléculair­e, on peut parfois mettre en évidence des mécanismes différents.

Ainsi , on a montré qu’en cas de lésions nerveuses, le traitement de la douleur par le cerveau fonctionne différemme­nt chez le mâle et la femelle.

En fait, quand on soupçonne des différence­s, il faudrait essayer de créer un modèle animal pour comprendre les mécanismes en oeuvre mais on en est encore très loin.

Aujourd’hui, il y a un seul médicament, le zolpidem (le somnifère stilnox et ses génériques) pour lequel des préconisat­ions différente­s sont faites, aux ÉtatsUnis. Pour l’heure, il n’y a pas suffisamme­nt de données pour qu’on puisse bénéficier de traitement­s « sexués » et en France, nous sommes très en retard sur ce sujet.

Même dans la recherche médicale, il faut savoir que l’on utilise surtout des souris mâles. Les femelles ont des variations hormonales importante­s et beaucoup de chercheurs préfèrent les éviter.

Mais une méta analyse (une analyse d’un très grand nombre d’études) a montré qu’il n’y a pas plus de différence individuel­le entre les femelles que chez les mâles. Pour des tests thérapeuti­ques, il faudrait un modèle mâle et un modèle femelle, sinon la recherche est biaisée au détriment des femmes. Mais cela double le coût alors que tout le monde essaie de faire des économie.

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