Joie obligatoire
Avis aux solitaires, paumés, laissés pour compte, endeuillés, veufs, malades, désespérés. Comme chaque année à cette saison, on y voit, la nuit, comme en plein jour grâce à la fée électricité.
« A giorno» disent les Italiens. Bien avant la date - et bien après, ces illuminations féériques nous préparent à une liesse universelle. Pour être honnête, notons cette année un bémol sensible sur la quantité et l’agressivité des dites illuminations.
C’est vrai que certains commerçants font l’essentiel de leur chiffre d’affaires pendant les deux ou trois semaines précédant Noël. Alors, forcément, ils «mettent le paquet ».
Mais quelque chose a changé sans qu’on s’en aperçoive. Autrefois, Noël se définissait comme la fête des enfants. Pendant leur sommeil, on déposait leurs cadeaux - supposés être amenés par le Père Noël passant par la cheminée - au pied du sapin. Aujourd’hui, c’est devenu une montagne de jouets. Chaque enfant établit ce qui ressemble à une liste de mariage où on doit choisir ce qu’on offrira et qui ne survivra généralement pas à la première utilisation et finira dans la poubelle, au milieu des reliefs de dinde et de bûche de Noël.
Et lorsque l’enfant devenait trop grand pour croire à l’existence du bonhomme en rouge et blanc, il recevait ses étrennes le Jour de l’An, comme les adultes. A croire que nous sommes tous retombés en enfance puisque aujourd’hui tout le monde donne et reçoit ses cadeaux à Noël.
Alors, ce soir, lorsque vous vous émerveillerez au spectacle des rues illuminées, pensez aux solitaires, paumés, laissés pour compte, endeuillés, veufs, malades, désespérés qui ne se sentent pas concernés mais exclus encore un peu plus. Et en cherchant bien, vous vous souviendrez d’une cousine ou d’une ancienne relation, perdue de vue, qui vit cette tristesse. A vous de voir.