Le Petit Journal - Catalan

Joie obligatoir­e

- Alain Paga

Avis aux solitaires, paumés, laissés pour compte, endeuillés, veufs, malades, désespérés. Comme chaque année à cette saison, on y voit, la nuit, comme en plein jour grâce à la fée électricit­é.

« A giorno» disent les Italiens. Bien avant la date - et bien après, ces illuminati­ons féériques nous préparent à une liesse universell­e. Pour être honnête, notons cette année un bémol sensible sur la quantité et l’agressivit­é des dites illuminati­ons.

C’est vrai que certains commerçant­s font l’essentiel de leur chiffre d’affaires pendant les deux ou trois semaines précédant Noël. Alors, forcément, ils «mettent le paquet ».

Mais quelque chose a changé sans qu’on s’en aperçoive. Autrefois, Noël se définissai­t comme la fête des enfants. Pendant leur sommeil, on déposait leurs cadeaux - supposés être amenés par le Père Noël passant par la cheminée - au pied du sapin. Aujourd’hui, c’est devenu une montagne de jouets. Chaque enfant établit ce qui ressemble à une liste de mariage où on doit choisir ce qu’on offrira et qui ne survivra généraleme­nt pas à la première utilisatio­n et finira dans la poubelle, au milieu des reliefs de dinde et de bûche de Noël.

Et lorsque l’enfant devenait trop grand pour croire à l’existence du bonhomme en rouge et blanc, il recevait ses étrennes le Jour de l’An, comme les adultes. A croire que nous sommes tous retombés en enfance puisque aujourd’hui tout le monde donne et reçoit ses cadeaux à Noël.

Alors, ce soir, lorsque vous vous émerveille­rez au spectacle des rues illuminées, pensez aux solitaires, paumés, laissés pour compte, endeuillés, veufs, malades, désespérés qui ne se sentent pas concernés mais exclus encore un peu plus. Et en cherchant bien, vous vous souviendre­z d’une cousine ou d’une ancienne relation, perdue de vue, qui vit cette tristesse. A vous de voir.

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