Le jus de cornichons contre les crampes ?
S’il est bien une expérience douloureuse commune à tous les sportifs, c’est celle des crampes ! Pour y remédier, un drôle de remède existe !
Il y a une dizaine d’années, aux États-Unis, un tiers des entraîneurs recommandaient de boire du jus de cornichons avant un effort éprouvant, soit une mixture composée d’acide acétique dilué à environ 5 % (vinaigre) avec, en outre, un gros apport de sel de cuisine (NaCl). “C’est une excellente façon de se prémunir de possibles crampes”, argumentent-ils. “Puis, si celles-ci surviennent tout de même, une lampée de jus de cornichons aide à les faire disparaître plus vite.” Ces témoignages intriguèrent les scientifiques, qui entreprirent de vérifier la chose.
Le professeur Kevin Miller et ses collègues (Université du Dakota du Nord) réunirent un groupe de sportifs et leur prescrivirent un exercice susceptible de déclencher des crampes. Notons au passage que la chose n’a rien de très évident.
Les résultats furent impressionnants ! Avec le jus de cornichons, la crampe durait en moyenne 84 secondes, contre 133 pour ceux qui ne buvaient que de l’eau.
Par quel miracle le jus de cornichons chasse-t-il la crampe ? On a longtemps pensé que la forte teneur en sel de ce breuvage permettait de compenser les pertes minérales dues à la sueur, un phénomène qu’on imaginait être à l’origine des crampes. L’explication pose tout de même un petit problème.
Grâce au jus de cornichons, la crampe disparaît en quelques dizaines de secondes, on l’a dit. Or, le sodium de la boisson n’a pas le temps d’être absorbé par le système digestif en un laps de temps aussi court et certainement pas d’être transporté jusqu’aux cellules musculaires où il doit accomplir son action. Impossible ! Il fallait donc trouver autre chose. Selon les derniers travaux, les crampes seraient la conséquence malheureuse d’un état d’hyperexcitabilité nerveuse. En cas de grosse fatigue, les muscles subiraient des influx désordonnés et contradictoires, ce qui aurait pour effet de les maintenir dans un état de contraction permanente jusqu’à générer cette douleur familière. Or, le jus de cornichons serait tout à fait capable de déclencher un message puissant qui prendrait alors le dessus sur tous les autres signaux nerveux et lèverait donc l’état d’hyperexcitabilité à l’origine des crampes.
Tout se jouerait au niveau de deux types de récepteurs qui figurent en abondance au niveau de la bouche, de la gorge et du système digestif et réagissent vivement au vinaigre mais aussi au cinnamaldéhyde, qui donne son goût à la cannelle, ou au gingérol, qui parfume le gingembre frais.
Or , il apparaît que ces sensations gustatives fortes déclenchent des adaptations dans presque tous les organes.
Mais un autre problème risque alors de se poser : celui de la digestion ! Il faut pouvoir supporter tout ce jus de cornichons.
Avouez que ce serait bête de vouloir se protéger des crampes en prévision d’une épreuve importante et de devoir abandonner pour cause de vomissements.