Une éternelle adolescence

La génération de nos grands parents, bien que majeure à vingt et un ans au lieu de dix huit, se considérait plus rapidement comme adulte responsable. Il s’agissait de savoir lire, écrire et compter pour entrer dans le monde du travail. Et de quitter le plus rapidement possible la maison familiale pour fonder un foyer.

Les jeunes d’aujourd’hui, beaucoup mieux informés que ceux de leur âge, pour les deux ou trois générations qui les ont précédés, sont, paradoxalement, beaucoup plus immatures. Les enfants demeurent sous le toit paternel la trentaine bien sonnée. Il arrive même qu’ils y habitent toujours avec conjoint et enfants. Il faut dire à leur décharge qu’il est de plus en plus difficile, même avec des diplômes, de trouver un emploi stable et définitif. Et en conséquence un logement puisque les propriétaires réclament de plus en plus de garanties avec des cautions de plus en plus élevées.

Le modèle à suivre est celui de la jeunesse : les valeurs de l’expérience et de la sagesse liées à l’âge sont complètement dépassées et l’autre catégorie de personnes qui ne trouvent pas d’emploi sont, à l’opposé, les plus âgés. Pour se démarquer du lot, on leur demande de prendre un look « jeune et cool» et surtout de ne pas trop faire étalage de leur expérience. La précarité quant à elle n’a plus d’âge ni de classe sociale : elle frappe n’importe qui, n’importe quand. Alors chacun s’essouffle à vouloir ressembler aux icônes de la pub. Bronzé, mince et surtout sans rides.