A manipuler avec précaution : fragile

C’est arrivé à la fille d’un ami proche de Mathilde. On a eu beaucoup de mal à la retenir d’aller dire ses quatre vérités au «coupable». C’est une enfant à laquelle tous les parents rêvent de voir ressembler leur progéniture.

Studieuse, sérieuse, très intelligente, sensible, elle a obtenu son baccalauréat avec mention très bien, et s’est orientée, à l’université, vers une filière scientifique longue et difficile où avec beaucoup de travail et d’acharnement elle obtient d’excellents résultats. Il y a deux semaines elle est interrogée par son professeur sur un paragraphe du cours qu’elle ne possède pas tout à fait parfaitement. Cette jeune fille assez timide, discrète, volontiers silencieuse, se trouble, hésite, bafouille. Reproches, remarques dévalorisantes, condamnations injustes et disproportionnées tombent de la bouche du professeur sur un ton violent, méprisant, ironique et ravageur. Tétanisée, elle sera ensuite incapable d’articuler un son. Un mois plus tard, cette scène l’obsède toujours.

Est-ce là le rôle d’un professeur d’université que les élèves considèrent comme un demidieu ? Celui qui doit transmettre le savoir et la sagesse ? Les attitudes et les propos quasi obsessionnels de quelques très rares membres de cette profession semblent démontrer qu’ils sont possédés par une sorte de racisme anti-jeunes. Il semblerait qu’ils soient jaloux de cet âge tendre qui leur échappe. Devenus professeurs après avoir été élèves, ils partiront à la retraite sans avoir connu autre chose. Eternels adolescents, irresponsables de leurs paroles et de leurs actes, ils jugent et tranchent sans appel, provoquant des dégâts souvent irréparables. Nous leur confions pourtant notre bien le plus précieux : la jeunesse. C’est-à-dire l’avenir. Notre devenir vers un monde meilleur. Ces esprits à former, à éduquer, qui sont comme de la cire où l’on fixe une empreinte indélébile. Pour le meilleur ou pour le pire.