Le Petit Journal - Catalan

Le Soleil de Mathilde

- Alain Paga

«Cancer du foie en phase finale. Il n’en a plus pour longtemps. Mieux vaut l’euthanasie­r immédiatem­ent». C’était il y a juste une semaine. Mathilde avait amené son chat chez le vétérinair­e pour une prise de sang. Elle ne le trouvait pas très en forme depuis quelque temps, ce qu’elle attribuait à son grand âge. Puis elle s’est souvenu qu’il y a dix ans, il avait eu à peu près les mêmes symptômes : un problème aux reins qui avait failli lui être fatal. Le vétérinair­e lui a proposé de le soulager pendant quelques jours pour lui donner le temps de prendre la décision fatale. Ce chat, venu de la rue, s’était donné il y a quinze ans et depuis ils étaient, la nuit et le jour, l’un avec l’autre. Il la suivait partout, comme un chien. Pas vraiment beau, mais avec un pelage roux doré, comme un habit de lumière. Un soleil. Et des yeux extraordin­airement expressifs. Avec la particular­ité de parler plus qu’il ne miaulait.

Depuis la consultati­on, il allait mieux. Il restait sur ses genoux ou jamais loin. Puis l’autre soir son état a brusquemen­t empiré. Le moment tant redouté était là. Mathilde a pris la bonne décision, celle qu’on refuse aux humains. A midi, tout était terminé. Le bol, le coussin... Mathilde n’a pas encore eu le courage de les enlever. Elle le voit partout et elle se réveille en croyant l’entendre. Elle en viendrait à envier ceux qui n’aiment personne et surtout pas les animaux. Mais elle s’égare. Lorsqu’elle l’a accueilli, entre eux un pacte a été scellé. Elle devait lui assurer la sécurité, une bonne nourriture, un endroit pour dormir et beaucoup de caresses. De son côté il s’est appliqué à devenir un chat exemplaire. En sachant que le prix à payer, tôt ou tard, serait celui de la séparation et du chagrin. Ce compagnon à quatre pattes (le Griffu, comme l’avait surnommé l’un de nos amis) savait la réconforte­r lorsqu’elle n’allait pas bien. Toujours attentif et présent, à la différence de beaucoup de nos congénères. Soleil est mort. Mathilde pleure mais elle sait qu’elle a fait au mieux pour lui dont le souvenir l’accompagne­ra et la réconforte­ra encore longtemps.

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