Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Solidarité Patricia Zucchi, la dévotion est en elle
Responsable d’enseignement agricole privé en Midi-pyrénées (Caussade), secrétaire générale CFTC Midi-pyrénées et présidente de l’union départementale CFTC, Patricia Zucchi semble avoir donné sa vie au service des autres, du mieux-être des autres. Ses nombreuses et très officielles occupations il convient d’ajouter son dévouement auprès des handicapés et malades qui font un séjour d’espérances à Lourdes. Depuis 25 ans Patricia se consacre un mois par an à ce sacerdoce. Un quart de siècle auprès de cette grotte du miracle de la bergère et à propos de laquelle Gustave Flaubert écrivait déjà parlant de dévotion moderne que ce site inspire : «Lourdes m’a l’air d’enfoncer la Salette, parce qu’il est plus nouveau : Lourdes est le Deauville de la dévotion moderne, la Salette en serait le Dieppe. L’excès est une preuve d’idéalité : aller au-delà du besoin.» C’est tout Patricia, femme croyante et engagée.
Nous avons rencontré Patricia Zucchi qui nous a dévoilé l’accueil Marie Saintfrai et plus avant la charité et la prière au coeur de son message.
• Pierre Manade : Parleznous de l‘accueil Marie Saint-frai…
Patricia Zucchi : « L’histoire de l’accueil Marie Saint-frai est indissociable de celle des apparitions de la Vierge Marie à Bernadette qui eurent lieu en 1858 à Lourdes dans la Grotte de Massabielle. En effet, suite aux messages transmis à la petite Bernadette Soubirous par la Vierge Marie, et dès la quinzaine des premières apparitions, les pèlerins affluent par milliers pour y trouver guérison du corps et de l’âme. Ce mouvement n’a cessé de s’amplifier.»
• P.M. : Donc il a fallu créer des lieux d’accueil
P.Z. : « En effet, mais où allaient être hébergés tous ces pèlerins qui campaient sous les arbres, cherchaient vainement un lieu sec et si possible chaud ? En 1858, Lourdes n’est qu’une petite bourgade et non pas la ville hôtelière que nous connaissons aujourd’hui.
Le Seigneur n’allait pas laisser sans secours toutes ces personnes souffrantes qui ne cessaient de venir à Massabielle trouver force et secours en cette époque de grande misère sociale.
C’est ainsi, que lors de ses fréquentes visites à la grotte de Massabielle pour s’y recueillir et prier la Vierge Marie, de veiller sur la Congrégation naissante des Filles de Notre-dame des Douleurs, le Père Dominique Ribes co-fondateur de la Congrégation avec Mademoiselle Marie Saint-frai, est touchée de compassion à la vue de ses nombreux pèlerins ne trouvant pas de lieux pour être accueillis. Il demanda alors à rencontrer le Curé Peyramale, curé de Lourdes, afin de lui soumettre son projet. »
Une rencontre, une histoire, une foi commune
• P.M. : Cependant de ce souhait à la concrétisation ce n’était certainement pas simple ?
P.Z. : « L’entrevue est fixée au 8 décembre 1870. Le Père Dominique Ribes fait ainsi part de son émotion et du désir qui inspire son coeur enflammé de l’amour et de la miséricorde Divine pour les plus pauvres. Ayant à coeur d’aider ces personnes assoiffées du Salut, il partage à Monsieur le Curé, son souhait de construire « un asile qui recevrait gratuitement à demeure les vieillards infirmes et nécessiteux du pays et qui serait d’autre part assez vaste pour héberger à prix de revient les pèlerins pauvres qui se viennent en pèlerinage à Lourdes afin d’obtenir leur guérison. Les Bonnes Soeurs hospitalières fondées à Tarbes par Mademoiselle Saint-frai desserviraient cet asile, et de la sorte, à côté de la Grotte, à côté de la prière, serait exercée la charité qui est une prière aussi.»
Le curé Peyramale pensa que ce serait parfait, et confia: «mon cher Abbé Ribes je reconnais là votre coeur.» Et il demanda : « Pour accomplir cela que possédez-vous ?» l’abbé répondit qu’il n’avait rien. Le curé Peyramale : Et sur qui comptez-vous ? Ribes répondit rassuré : «Sur Dieu!» Le curé Peyramale le conforta: «Partez avec confiance mon cher fils. Celui en qui vous vous reposez, vous aidera à surmonter les obstacles. Je n’ai comme dit Saint-pierre, ni or, ni argent, mais ce que j’ai-, je vous le donne. Je veux habiller votre premier pauvre.»
• P.M. : Cette rencontre amicale empreinte de foi a donc lancé cet accueil auquel vous donnez de votre temps ?
P.Z. : « Oui, suite à cette rencontre, le Père Dominique Ribes se lança dans le projet corps et âme avec l’aide de Dieu et la collaboration de la petite communauté naissante des Filles de Notre-dame des Douleurs installé à Tarbes. Au début, elles demandent et parfois louent une chambre, une sous-pente ici ou là. Elles occupent plusieurs maisons successives, toujours plus grandes, tant les besoins sont importants. Les nombreux obstacles et épreuves ne manqueront pas sur la route, mais, confiant dans la Providence Divine, le Père Dominique Ribes et Mademoiselle Marie Saint-frai (devenue en religion Mère Saint-jeanbaptiste) reçoivent d’une généreuse donatrice, Madame de Vogüe, un chalet tout récent et surtout son grand pré, le long du chemin que Bernadette empruntait pour se rendre à Massabielle.
Patricia bénévole dans l’âme
Les soeurs y ont accueilli en 1874 les premiers pèlerins en provenance de Langres, dans ce que l’on appelait à l’époque: «l’hôpital Notredame des Douleurs». Aujourd’hui, ce sont toujours les soeurs de Marie Saint-frai, membres de la congrégation romaine des Filles de Notredame des Douleurs, qui animent l’hôpital devenu en 1997, un accueil médicalisé. A Lourdes, beaucoup de jeunes filles ont rencontré la congrégation et y ont entendu l’appel du Seigneur pour la rejoindre. Ce travail de Dieu dans les coeurs, se poursuit inlassablement…
L’accueil Marie Saint-frai a servi de modèle et de matrice aux divers accueils construits ensuite à Lourdes.»
• P.M. : Et vous Patricia vous inscrivez dans cette lignée de générosité ?
P.Z. : « Depuis cette date les pèlerinages se sont succédés et de nombreux pèlerins miraculés ont pu y être hébergés. Le premier pèlerinage National Français avec ses premiers malades y ont été reçus sur des paillasses et non dans le confort actuel. Mais la ferveur populaire était telle et reste telle que les pèlerins n’ont jamais cessé depuis cette rencontre dictée par l’amour du prochain entre le Père Dominique Ribes et le Curé Peyramale. Je donne de mon temps, c’est tout… J’apporte une ligne supplémentaire à cette incroyable histoire… Quoi de plus normal. »