Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Sur la planète banlieue
De la politique de la ville façon Bernard Tapie, entre envolées théâtrales et paillettes jusqu’aux petites phrases, il faut bien constater que les quartiers souffrent encore et toujours de l'inefficacité de “plans banlieue” coûteux et finalement stériles. Des banlieus dont le Président de la République fait juste mine de s’interresser… à deux mois de la Présidentielle après 5 années de désert.
Ces quartiers concentrent pourtant les défis auxquels doivent faire face les candidats à l'échelle du pays. En termes d'emploi notamment, de délinquance, d'éducation et de formation, dans des zones où le chômage des jeunes flirte avec les 40 %. Le problème est toujours le même : arriver à agir en amont plutôt qu'avoir à gérer les conséquences. Jusque-là, personne n'a trouvé la solution miracle.
En attendant de pouvoir réinvestir le terrain, les pouvoirs publics doivent, urgemment, éteindre la mèche allumée par l’affaire Théo. L’exécutif a la mission délicate de faire respecter l’ordre et la justice. Pour Théo mais aussi pour tous les Français, simples citoyens comme policiers. Sous l’oeil d’une extrême droite recueillant les fruits électoraux des tensions actuelles, apparaissent deux franges d’une France qui s’opposent : l’une défie une police en laquelle elle n’a pas confiance tandis que l’autre, par réaction, la défend aveuglément. Cette fracture est un non-sens dans une société. Elle est même dangereuse dans un pays démocratique.
La banlieue, donc, revient comme un boomerang. Ce monde maintenu à la marge. Avec cette vieille peur de l'insurrection. Les odeurs de voitures brûlées en 2005 remontent les "casseurs de flics" et autres qui sont encore là pour noyer le message, décrédibiliser la cause, eux qui se soucient aussi peu de Théo que de la conséquence de leurs actes.
Parce que la brutale arrestation d’un jeune noir de 21 ans en banlieue parisienne soustend un constat qui renvoie la République à ses lacunes. Elle remet en cause la légitimité même d’une police que, par sémantique autant que par principe, l’on se doit de classer parmi les forces de l’ordre. Ni d’un côté, ni de l’autre, il ne s’agit de faire preuve d’angélisme. Juste s’interroger autant que s’inquiéter des dix jours de violence qui ont déferlé sur Aulnay-sous-bois, Bobigny, Les Ulis et même Argenteuil. Sur cette fameuse dalle où, en octobre 2005, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, parla de "débarrasser" la France de "cette bande de racaille"… Peu de temps après, suite au décès de deux gamins, s’y déclenchait une longue nuit de vingt et un jours d’émeutes. Le rappel ne peut qu’effrayer. Depuis, la société semble s’être figée. Rien ne s’est passé…