Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Débattez-vous
Ce type de table ronde devient pour les «petits» une tribune inespérée. Ajoutons qu’il est toujours plus facile de s’inscrire en opposant, en provocateur, que de développer un projet construit, équilibré, éventuellement même un peu aride mais toutefois nécessaire au redressement de notre pays.
Pas sûr que les lignes aient bougé. Pour tout dire, on a vu un quatuor de tête globalement fidèle à lui-même mais enfermé dans le carcan d’un chronomètre impitoyable. Les candidats absents au premier débat ont, eux, pour la plupart, semblé bien perdus, voire peu crédibles. Ils auront simplement participé à la fête.
Ces miettes de suffrages additionnables, dépouillées de tout espoir de succès, dessinaient un autre visage de l’opinion. Celle que l’on entend peu. Déroutante, contradictoire, brouillonne elle ne manquait pas d’une désarmante sincérité parfois. Nous n’étions plus habitués.
Parmis eux, nous noterons quelques surprises ou révélations, avec de véritables showmen : Il y a le député berger du Béarn Jean Lassale, le promoteur du Frexit François Asselineau et l'étrange Jacques Cheminade qui récemment a annoncé vouloir un «jour industrialiser la lune». Les petits candidats associés à Marine Le Pen ont fait un pack opportuniste pour fixer le débat sur l'europe, responsable selon eux de tous les maux. Une Europe qui ne trouvait véritablement grace qu’auprès de François Fillon et Emmanuel Macron.
Il reste des fulgurances et des impressions. L’impression est forte que Marine Le Pen, François Fillon, Emmanuel Macron et Jean-luc Mélenchon ont été en retrait, ne souhaitant pas s’exposer. Benoît Hamon a montré plus de maîtrise par rapport au précédent exercice réellement manqué.
Mais au-delà de la cacophonie qu’un débat à onze génère, ce qu’il y avait de pathétique dans les échanges, c’est la méconnaissance que de nombreux candidats persistent à avoir des lois de l’économie. La discussion avait une tonalité anti-européenne or, dans un pays comme la France enkysté depuis des décennies dans le chômage, l’exemple de nos voisins devrait susciter un certain réalisme chez ceux qui aspirent à le diriger.
Agiter le bouc émissaire de l’europe a été trop longtemps un prétexte commode pour ne pas réformer ce pays qui ne mérite pas de sombrer dans le misérabilisme.
Les échanges d’hier soir ont-ils permis aux électeurs d’affiner leur connaissance des candidats, et donc leur vote ? Mais quelle frustration.