Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Le bonheur
«Je serais heureux si je gagnais au loto... Je serai heureux dès que j’aurai trouvé un emploi, la femme de ma vie, fini de construire - ou de payer - la maison, lorsque je pourrai acheter la voiture de mes rêves, dès que je pourrai partir en vacances, quand j’irai à New York, en Inde, en Chine,...»
La publicité nous donne en spectacle des hommes, des femmes, des enfants bondissant de joie, heureux de jouir de tel ou tel objet de consommation à la mode qu’on nous rappelle en grand format sur les routes ou dans nos villes. On ne peut pas y échapper. Le bonheur par la possession. Le bonheur dont la source est à l’extérieur de nous. Dans une quête sans fin, car il y a toujours un nouveau produit à convoiter qui «sort» pour remplacer le précédent, lui faire perdre tous ses charmes et entretenir notre insatisfaction.
Nous nous sentons frustrés et malheureux. Nous jalousons celui qui a les moyens d’acquérir ce que nous convoitons en vain. Et qui, lui, c’est sûr, est heureux à notre place.
Et si le bonheur était ailleurs ? Si ce que nous recherchons parfois si loin, en dépensant beaucoup de temps et d’argent, était en nous ? C’est le propos de Matthieu Ricard. Scientifique, photographe, devenu moine bouddhiste, il est le fils de Jean-françois Revel, écrivain, journaliste et homme politique, avec lequel il a écrit «Le moine et le philosophe».
Il ne s’agit pas, comme lui, d’entrer en religion mais de prendre en compte ses propositions pour une alternative à notre individualisme en mal de repères. Dans son dernier ouvrage «Plaidoyer pour le bonheur» - et comme dans beaucoup d’autres de ses écrits - il examine, point par point, ce qui renforce ou diminue notre satisfaction profonde pour un exercice au bonheur ici et maintenant. Une sorte d’entraînement à éprouver de plus en plus souvent et plus longtemps la joie d’être vivant. Avec la pratique d’une grande indulgence envers les autres... et envers soi-même.