Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Comment dire ? Que faire ?
Notre amie Mathilde est à la fois triste et embarrassée.
Marie-jeanne, que son défunt mari appréciait beaucoup, lui écrit : «Je viens de vivre des mois difficiles. Depuis juillet dernier - bientôt un an - j’ai perdu douze personnes qui m’étaient proches et chères. Ils sont de plus en plus nombreux, autour de moi, à avoir dépassé la soixantaine. Avec le temps, les départs s’accélèrent, mais jusque-là c’était au rythme de cinq à six par an. Mais douze ! Dont deux amis chers de cinquante-six ans, un autre à moins de soixante-dix ans, le fils d’un collègue et ami à trente neuf ans. Dans la famille, il y a eu deux oncles, dont un, sans enfant, dont j’étais la nièce aînée. Je viens de vivre l’horreur et pourtant, à côté, le travail n’attend pas».
Mathilde a été très touchée par cette détresse qui ne peut plus être réconfortée par la promesse d’un au-delà de paradis. Marie-jeanne n’est pas croyante et Mathilde ne se prononce pas pour elle-même. Elle attend de voir ce qui se passera, le moment venu. Elle n’est fermée à rien et, surtout, elle respecte les convictions de chacun. D’ici là, avec l’âge qui avance, elle conseille à ceux qui l’interrogent sur leur propre mort de mettre toutes leurs affaires en ordre et, ensuite, de prendre la vie comme elle vient, en essayant de faire le moins de tort possible et le plus de bien aux autres. Sans s’oublier et en se faisant respecter. Elle est assez à l’aise avec sa propre mort. Elle sait qu’elle ne manquera vraiment à personne puisque à présent elle est seule. C’est plutôt la disparition de ceux qui lui sont chers qui fait mal. Où va-t-on lorsqu’on n’est plus ? Les témoignages de ceux qui ont fait l’expérience d’une mort imminente la troublent.
Elle est convaincue que nos chers disparus continuent à vivre en nous, parce qu’on les aime encore, qu’on pense à eux. Et peut-être bien qu’ils nous accompagnent et nous aident, où qu’ils soient, si on le leur demande. Un peu comme des anges gardiens.