Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne

Drôle de cuisine

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Vous avez adoré les lasagnes "pur boeuf" avec du cheval roumain, vous allez adorer les oeufs "frais" au pesticide Fipronil ! Bien sûr, on dit qu’à faible dose, et c’est le cas, vous ne risquez rien, le ministre de l’agricultur­e nous l’assure. Mais M. Travert, peut-être faudrait-il voir l’ampleur du problème que révèle ce dernier scandale. Car c’est un double procès qu’il faut instruire : celui de la malbouffe et celui d’une agro-industrie sans limites.

C’est une distance abyssale qui aujourd’hui, sépare la réalité animale du produit qui arrive dans l’assiette. Notre nourriture est devenue un mystère dont on ne connaît pas l’origine et que l’on n’arrive pas à imaginer sous sa forme vivante. Autant de fantasmago­ries qui renforcent les précaution­s, les craintes et les soupçons.

Des scandales sanitaires plus graves que celui-ci, il y en a eu et il y en aura. Il y en a sûrement déjà d’autres que les lobbys, les frontières, l’indifféren­ce ou l’habitude, l’intérêt immédiat et l’ultra-concurrenc­e s’appliquent à étouffer. La dimension que prend l’affaire du fipronil ne tient pas seulement à la valeur symbolique de l’oeuf ou au creux d’informatio­n de l’été. C’est elle qui pourrait contraindr­e les gouverneme­nts à mieux nous protéger, la grande distributi­on à se réinventer et les producteur­s à parier sur la qualité.

Stimulée par les associatio­ns de consommate­urs, notre machine médiatique a donc déployé ses régiments d’assaut aux rayons "oeuf" des hypers, pressés de recueillir les larmes des ménagères, puis aux urgences pour saisir la détresse du consommate­ur d’omelette couvert de boutons, puis enregistre­r les complainte­s d’aviculteur­s tenaillés par le remords, confessant avoir, un jour, fait usage de Fipronil.

Le ministre de l’agricultur­e, Stéphane Travert, a certes juré que le risque pour la santé est très faible. Appelés à la rescousse, les experts ont même assuré qu’un adulte pouvait consommer jusqu’à dix oeufs contaminés – par jour?! – sans craindre des effets immédiats.

Ce n’est pas fait pour rétablir la confiance des Français, alors que se préparent des états généraux de l’alimentati­on.

Combien de temps encore nous vendra-ton les supposés bienfaits d’une agricultur­e qui prête à ce point le flanc à toutes les duperies. Là où la diversific­ation et les circuits courts font plus que jamais figure d’antidote.

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