Un match nul

Qui a remporté la première manche ? Ce qui est sûr, c’est qu’en l’absence du Président, le Premier ministre n’a pas annoncé hier soir le retrait des ordonnances sur le droit du travail, ce que personne au reste n’attendait. Même les activistes les plus optimistes savent qu’il faut bien plus qu’une manif, quel que soit son succès, pour faire céder un gouvernement. Et à plus forte raison Emmanuel Macron, qui, depuis trois mois, n’a reculé devant rien.

Ni une déferlante menaçant de tout emporter. Ni une vaguelette allant se perdre dans les sables. Plutôt un coup de semonce. Même si elle se garde bien de le dire, la CGT est lucide. Elle aura du mal à se lancer dans un bras de fer avec le gouvernement sur la seule réforme du Code du travail.

La menace pour Emmanuel Macron serait la convergence des luttes. Les colères sont là avec les forains, les étudiants, les contribuables de la classe moyenne, les retraités taxés, les cheminots etc. La division syndicale et politique est une opportunité pour l'exécutif.

Le gouvernement joue la montre, accélérant le train de cette réforme et ouvrant le maximum de chantiers pour en gaver l'opinion, les syndicats, le parlement. Passer à autre chose : une stratégie en forme de quitte ou double.

Les prochains rendez-vous, et en particulier l’appel à manifester lancé par Jean-luc Mélenchon pour le 23 septembre, montreront si la jonction se fera entre syndicats, y compris étudiants, et partis politiques. Le délai sera trop court pour un retrait des ordonnances, même si certains syndicalistes veulent croire le contraire. Mais la hauteur de la mobilisation servira de test pour les réformes à venir.

Pendant que la CGT se lançait en tête des cortèges pour un baroud d’honneur, les Insoumis se rassemblaient en queue de défilé pour un tour de chauffe avant le 23 septembre. Comme un passage de témoin entre un Philippe Martinez qui a perdu son premier pari et un Jean-luc Mélenchon qui rêve de le gagner.