Le Petit Journal - du Tarn-et-Garonne
Cueillette de champignons : comment s'y retrouver ?
Il fait humide et frais : c’est LA période de cueillette des champignons. Un loisir beaucoup moins simple qu’il n’y paraît. C’est ce que nous avons découvert en suivant un groupe de cueilleurs amateurs, guidés pendant deux heures par un spécialiste.
De loin, comme ça, on s’attend à un moment ludique, léger : les paniers en osier, les bottes, le livre sur les champignons qui dépasse de la poche et le même aveu qui s’exprime dans un sourire : «Oh moi je n’y connais rien » ou «Je cueille toujours les mêmes trois espèces, comme ça, je suis sûr de ne pas me tromper. »
Les guides de la très sérieuse Société mycologique rassemblent la cinquantaine d’amateurs sur le parking qui marque une entrée de la forêt de Montech. « Notre cri de ralliement c’est hop hop hop d’accord ? »
Loupe en main et veste multipoches, Gérard a l’autorité de ceux qui savent. Il explique qu’ils vont ramasser toutes sortes de champignons : on est là pour apprendre.
En plus, il doit fournir de la matière aux étudiants en pharmacie.
Les paniers se remplissent un peu, le groupe se disperse. Hop hop hop : premier arrêt de Gérard. Qui détaille un tas d’informations inconnues du groupe jusqu’alors : le champignon n’est ni animal ni végétal, il faut toujours le déterrer et non le couper pour avoir la totalité des caractéristiques, la mycologie est une science non encore stabilisée tellement le champignon reste mystérieux. On parle voile libre, générale, spores blanches, concentration de polluants et grand principe. Une ressemblance ne suffit pas : le champignon doit être examiné sous tous les angles.
Avec son approche scientifique, Gérard déteste les questions imprécises de l’amateur. Pas moyen de connaître l’espèce la plus répandue dans la région ou celles qui ont disparu. Idem pour la durée de vie moyenne. « Vous parlez volume ou fréquence ? » On ne parle surtout pas mycologie.
Quand même, on retient que c’est une année à champignons (il fait frais et humide) et que les plus gros sortent de terre pendant l’automne, jusqu’à la mi-novembre. À l’écoute du guide, Marc, 76 ans, avoue qu’il n’a « rien compris ». « On ne peut pas retenir tout ça ! J’aimerais qu’il nous montre juste deux espèces qu’on peut manger plutôt que d’évoquer tous les champignons.
Mais si j’ai bien écouté, il y a, de toute façon, plein de vérifications à faire » Soupir… Peu à peu, les bolets (comestibles) s’entassent, on se passe des champignons violets, orange, blancs, on les sent, on les examine. Le groupe peut maintenant reconnaître une amanite citrine et sait que les coprins noir d’encre font mauvais ménage avec l’alcool.
Au final, peu de comestibles rejoindront les voitures. Comme le dit Marc : « En clair, faut pratiquer et l’omelette, ce n’est pas pour tout de suite ! »
Il faut toujours déterrer le champignon et non le couper pour avoir la totalité des caractéristiques.